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Des images frappantes montrent des manifestants espagnols interceptant des camions pour déverser et piétiner leurs cargaisons de tomates marocaines, symbolisant leur frustration. Ce mécontentement s’est propagé à travers l’Europe, débutant en Allemagne pour ensuite toucher les Pays-Bas, la Roumanie, la Pologne, la France et l’Espagne en quelques semaines. Les agriculteurs dénoncent les accords de libre-échange de l’UE qui, selon eux, favorisent une concurrence déloyale par l’importation de produits agricoles, notamment les tomates marocaines, ciblées par des actes de vandalisme en Espagne, en France et au-delà, en signe de protestation.
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Contestation des accords commerciaux
Les syndicats agricoles européens restent sceptiques face aux explications et réclament de l’Union européenne des mesures plus draconiennes, surtout l’abrogation de l’accord agricole avec le Maroc qui permet l’importation annuelle de 300 tonnes de tomates sans droits de douane. Cette exemption douanière est vue comme une menace directe à l’existence des producteurs locaux, accentuant une concurrence jugée inéquitable en raison des différences de coûts de production, particulièrement les salaires.
Les agriculteurs européens estiment que l’absence de tarifs douaniers, qui auraient pour but de niveler le terrain de jeu, laisse les producteurs de l’UE en position vulnérable face à cette concurrence internationale. L’accord en question, qui établit des quotas d’exportation par type de produit, tel que la tomate, est défendu par plusieurs exportateurs marocains. Ils soulignent l’effort des autorités pour équilibrer les intérêts commerciaux sans compromettre l’économie locale, mais cette démarche peine à apaiser les craintes des producteurs européens, qui voient leur survie économique en jeu.
Appel à la clarté
Dans un mouvement pour plus de transparence, les producteurs de tomates en France réclament un étiquetage renforcé qui indiquerait clairement le pays d’origine ainsi que le lieu d’emballage des produits. Cette initiative vise à garantir que les consommateurs soient pleinement informés sur la provenance des fruits et légumes qu’ils consomment dans l’espoir de les inciter à faire des choix plus conscients en faveur des productions locales.
Cette demande survient alors que les producteurs locaux ont entamé une campagne de sensibilisation ciblant spécifiquement les tomates importées, souvent présentes en abondance dans les rayons des supermarchés, surtout en cette saison. Dans le cadre de cette action, des étiquettes distinctives mentionnant «Origine Maroc» ont été apposées sur les emballages de tomates-cerises dans les grandes surfaces, pour souligner leur provenance étrangère.
Par cette initiative, les agriculteurs français aspirent à éveiller la conscience des consommateurs sur l’importance de l’origine des produits. Ils espèrent que cette prise de conscience encouragera une préférence pour les produits cultivés localement, soutenant ainsi l’agriculture française et ses producteurs.
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Réponse de la COMADER
La Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) a exprimé sa préoccupation face à ces attaques. Elle insiste sur le fait que les exportations agricoles marocaines vers l’Union européenne sont de haute qualité et respectent scrupuleusement les normes de commercialisation, sanitaires et phytosanitaires requises par les marchés de destination.
Dans son communiqué, la Confédération a également exprimé son désir de collaborer avec ses partenaires européens pour entretenir des échanges commerciaux profitables aux deux parties, fondés sur le respect mutuel. Elle rappelle que les relations commerciales entre le Maroc et l’UE s’inscrivent dans le cadre de l’accord de partenariat liant l’UE, ses États membres, et le Maroc, et que les échanges agricoles sont régis par l’Accord agricole faisant partie de l’Accord d’association UE-Maroc.
La COMADER met en avant les chiffres des exportations marocaines vers l’UE et l’Espagne pour illustrer la dynamique positive des échanges, tout en soulignant l’augmentation remarquable des exportations agricoles de l’UE vers le Maroc, ce qui témoigne d’un échange bénéfique et équilibré pour les deux parties.
Le Maroc maintient le cap
Le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a minimisé les conséquences de ces mouvements de protestation, affirmant que, malgré quelques perturbations logistiques, le flux commercial entre le Maroc et l’Europe reste largement intact.
Bien que des retards dans les livraisons aient été constatés en raison de barrages routiers, le volume global des exportations agricoles marocaines vers l’Europe n’a pas subi de baisse significative. Le ministère a reconnu de rares incidents de vandalisme ciblant des camions chargés de produits agricoles en provenance du Maroc, tout en soulignant leur caractère isolé.
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Clarifications de Bourita
Quant à Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a contesté l’idée répandue que le Maroc bénéficierait davantage de ses exportations agricoles vers l’UE que l’inverse. Bourita a souligné que l’Union européenne maintient un excédent commercial de près de 600 millions d’euros avec le Maroc dans le secteur agricole, notamment grâce à ses exportations de céréales et d’autres produits vers le Maroc.
Il a également rappelé que dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE, l’Europe a réalisé un excédent commercial de 10 milliards d’euros, soulignant ainsi l’importance des négociations détaillées qui ont eu lieu pour chaque aspect de ces accords. Bourita a critiqué la perception de l’UE comme une «passoire» où tout peut entrer sans contrainte, rappelant que les échanges sont régis par des quotas et des normes phytosanitaires strictes, négociés avec rigueur par l’UE.
En conclusion, il a mis en garde contre les «raccourcis dangereux» qui pourraient être pris par certains acteurs européens, suggérant que les problèmes actuels tiennent plus à une question de perception politique qu’à de véritables problèmes commerciaux.
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