Le sommeil interrompu de Thoutmôsis II : récit d’une redécouverte
C’est le 18 février 2025 qu’une équipe égypto-britannique, guidée par une obstination sans faille, a fait l’annonce que le monde attendait depuis près d’un siècle : la tombe royale de Thoutmôsis II avait été retrouvée. Située à 2,4 kilomètres à l’ouest de la vallée des Rois, dans un dédale rocheux que seuls les vents du désert parcouraient encore, le sanctuaire funéraire reposait dans un silence presque surnaturel. Le dernier Pharaon de la XVIIIe dynastie encore inhumé venait de retrouver sa place dans l’épopée égyptienne.
Le Roi oublié et l’empreinte d’une Reine
Thoutmôsis II n’avait pas le panache des Souverains qui le précédèrent ou lui succédèrent. Son père, Thoutmôsis Ier, avait étendu les frontières de l’Empire jusqu’aux confins du Nil et des montagnes de Nubie. Son fils, Thoutmôsis III, serait l’équivalent du Napoléon de l’Antiquité, un stratège brillant et conquérant insatiable. Lui, cependant, régna brièvement, entre 1492 et 1479 av. J.-C., dans l’ombre imposante de sa demi-sœur et épouse, Hatchepsout.
Hatchepsout, grande architecte de son temps, fut bien plus qu’une Reine consort. Lorsqu’elle gravit les marches du pouvoir pour devenir Pharaonne, elle effaça des tablettes de l’Histoire les vestiges d’une autorité masculine vacillante. Mais elle n’oublia pas Thoutmôsis II. C’est elle, dit-on, qui veilla à son inhumation, s’assurant qu’il repose dans un cadre digne de son lignage, bien que le destin ait voulu que son nom demeure presque effacé des annales royales.
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La tombe, désormais attribuée à Thoutmôsis II, était en triste état. Depuis sa construction, des crues avaient inondé la chambre funéraire, altérant les fresques et endommageant les parois. Des fragments de plâtre bleu ornés d’étoiles dorées, vestiges d’un ciel nocturne éternel, gisaient parmi les débris. Malgré les outrages du temps, des passages du Livre de l’Amdouat, un texte sacré réservé aux Rois, subsistaient sur les murs comme autant de prières murmurées à l’oreille des dieux.
Cependant, l’un des indices les plus intéressants restaient la présence d’inscriptions mentionnant le nom du Roi. Des vases, portant la titulature royale et l’épithète Le Roi défunt, étaient éparpillés à travers le site. L’absence de mobilier funéraire était en revanche éloquente : les trésors de Thoutmôsis II avaient été pillés ou tout du moins déplacés au fil des siècles. Peut-être avaient-ils rejoint les réserves de la cachette de Deir el-Bahari, où la momie supposée de Thoutmôsis II fut découverte en 1881.
Une momie à l’identité contestée
La momie présentée comme celle du Roi demeure un sujet de débat. Les ossements, fragiles et érodés, posent une énigme archéologique. Les datations récentes contredisent l’âge présumé du Pharaon, mort jeune. Si ce n’est pas lui, alors où repose réellement le corps du Roi ? Les recherches continuent, alimentant les théories et les révélations.
L’Histoire de Thoutmôsis II est certes celle d’un Roi sans gloire, mais dont le mystère fascine. La redécouverte de sa tombe est un rappel poignant que même les Pharaons modestes laissent des traces. Leurs vies, enchâssées dans les cycles éternels du Nil et des dynasties, continuent de murmurer à travers les âges.
Si les richesses de sa dernière demeure se sont évaporées dans les brumes de l’Histoire, le nom de Thoutmôsis II, lui, renaît, gravé non dans la pierre, mais dans la mémoire de ceux qui déchiffrent le passé.