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Gouvernement-syndicats : réforme fiscale et hausse des salaires

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L’accord du gouvernement lors de la session d’avril 2024 du dialogue social central marque une avancée pour les revenus des salariés au Maroc. Il prévoit une augmentation générale des salaires pour les fonctionnaires et une hausse du SMIG et SMAG en deux phases, ainsi qu’une révision du système d’impôt sur le revenu visant à soutenir la classe moyenne. Cette réforme fiscale soulève des questions sur son application pratique, notamment en ce qui concerne les contrats de travail basés sur un salaire net, nécessitant une vigilance accrue pour garantir que les employés bénéficient pleinement de ces changements.

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L’accord conclu par le gouvernement lors de la session d’avril 2024 du dialogue social central a marqué une avancée dans l’amélioration des revenus des salariés. En vertu de cet accord, une augmentation générale des salaires de 1.000 DH net mensuel sera appliquée pour les fonctionnaires des administrations publiques, des collectivités territoriales et des établissements publics qui n’ont pas encore bénéficié d’une révision salariale.

Dans le secteur privé, le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) connaîtra une hausse de 10%. La première augmentation de 5% interviendra en janvier 2025, portant le SMIG mensuel à 3.266,96 DH. Une seconde hausse identique suivra en janvier 2026, élevant ainsi le SMIG à 3.430,31 DH. De même, le Salaire minimum agricole garanti (SMAG) sera augmenté de 10% en deux phases, avec des augmentations effectives les 1er avril 2025 et 2026.

Lire aussi : Dialogue social : accord sur les salaires et la fiscalité pour une meilleure justice sociale

Réforme fiscale pour une augmentation du pouvoir d’achat

D’autre part, une révision du système d’impôt sur le revenu est prévue pour le 1er janvier 2025, visant principalement à soutenir la classe moyenne tout en conservant les conditions actuelles pour les professionnels. Cette révision inclura l’élargissement des tranches de la grille d’impôt, augmentant le seuil du revenu net exonéré de 30.000 à 40.000 DH. En complément, la réduction annuelle de l’impôt sur le revenu pour les charges familiales augmentera de 360 à 500 DH par personne à charge.

Cette réforme verra l’exonération du salaire mensuel brut passer de 5.000 DH à 6.000 DH. De plus, une baisse du taux marginal de l’IR de 38% à 37% est prévue, entraînant une augmentation nette des salaires.

Par exemple, un cadre avec un salaire brut de 5.000 DH verra son salaire net passer de 4.622 DH à 4.772 DH dès janvier 2025, soit une augmentation nette de 150 DH par mois, et de 1.800 DH annuellement. Un autre, gagnant 6.400 DH brut, bénéficiera d’un net de 5.862 DH avant la réforme, qui augmentera à 6.260 DH, soit un gain mensuel de 398 DH, pour un total annuel de 4.776 DH.

Les augmentations continuent avec des tranches salariales plus élevées. Ainsi, un cadre gagnant 8.000 DH brut verra son salaire net augmenter de 240 DH par mois, résultant en une hausse annuelle de 2.880 DH. Pour les salaires plus élevés, comme un brut de 12.000 DH, le gain mensuel atteint 352 DH, avec une augmentation annuelle de 4.224 DH.

Cette initiative fiscale, ciblant une augmentation directe du pouvoir d’achat des salariés, illustre la volonté du gouvernement de stimuler la consommation et d’améliorer le bien-être économique des travailleurs à l’aube de 2025.

Préoccupations quant à l’application des réformes

Ces changements fiscaux et salariaux posent des questions quant à leur application pratique, surtout en ce qui concerne les contrats de travail basés sur un salaire net. Bien que le Code du travail et le Code des impôts ne réglementent pas explicitement cette question, il est important que les employeurs ne profitent pas indûment de la baisse de l’impôt au détriment des salariés. En effet, le bénéfice de toute baisse fiscale devrait revenir aux employés, étant donné que ce sont eux qui supportent l’impôt, l’employeur agissant seulement en tant que collecteur. Cela nécessite une vigilance accrue de la part des autorités pour s’assurer que les réductions d’impôts profitent réellement aux employés comme prévu.

Dans cette optique, les experts recommandent que les contrats de travail soient clairement basés sur un salaire brut, ce qui faciliterait la transparence et assurerait que toute baisse d’impôt soit directement visible dans l’augmentation du net à payer des employés. Cela contribuerait à prévenir les pratiques abusives où les employeurs pourraient être tentés de retenir les bénéfices de ces baisses d’impôt pour eux-mêmes.

Lire aussi : Dialogue social : salaires en hausse, impôts en baisse…l’essentiel de l’accord signé ce lundi

Communication et transparence essentielles

Par ailleurs, il est essentiel que les employés comprennent comment ces changements fiscaux les affectent. La communication claire des modifications de la grille d’impôt et de leur impact sur les salaires net est essentiel pour maintenir la confiance entre employeurs et employés. Les organisations de travailleurs et les syndicats jouent un rôle important dans ce processus en s’assurant que leurs membres sont bien informés et en défendant leurs droits lors des négociations salariales et des discussions sur les politiques fiscales.

En résumé, bien que la baisse de l’impôt sur le revenu et l’augmentation des salaires soient des mesures positives, leur mise en œuvre effective nécessite une coordination et une surveillance rigoureuses pour garantir que tous les bénéfices sont équitablement partagés entre les employeurs et les employés. L’État pourrait envisager de clarifier la législation ou d’émettre de nouvelles directives pour assurer que les réductions d’impôts atteignent leur but ultime : améliorer le pouvoir d’achat des salariés. Cette action serait un pas en avant pour renforcer la justice fiscale et soutenir la croissance économique en augmentant la consommation des ménages.

 

 

 

 

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