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New Delhi accueillait mercredi et jeudi dernier une réunion du G20. L’Inde, qui préside cette année le Groupe, entretient une amitié de longue date avec la Russie et n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine.
En préambule de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui s’est tenue ce jeudi dans la capitale, Narendra Modi, le Premier ministre indien, a expliqué dans une vidéo enregistrée que le multilatéralisme était «en crise».
«L’expérience de ces dernières années – crise financière, changement climatique, pandémie, terrorisme et guerre – montre clairement que la gouvernance mondiale a échoué», a-t-il souligné.
Malgré sa volonté de «combler le fossé» et de s’imposer comme médiateur entre les puissances occidentales et la Russie, l’Inde n’est pas parvenue à obtenir de consensus à l’issue du sommet.
L’Inde avait appelé les dirigeants à surmonter leurs différences pour avancer sur des sujets comme la réduction de la pauvreté et le réchauffement climatique. Mais la guerre en Ukraine a éclipsé tous les sujets mis en avant par la présidence indienne.
Devant ses homologues, Sergueï Lavrov a fustigé le «comportement obscène d’une série de délégations occidentales, qui ont transformé le travail sur l’agenda du G20 en une farce», d’après l’agence publique russe TASS.
Pas de communiqué commun
Après deux jours de discussion, les ministres des Affaires étrangères des 20 plus grandes économies mondiales, ne sont pas parvenus à publier un texte commun. Leurs collègues ministres des Finances, réunis la semaine dernière, avaient également échoué.
Les occidentaux ont appelé la Russie à mettre fin à sa guerre d’agression au nom de la paix internationale et de la stabilité économique. Mais si 18 pays ont visé le texte final condamnant l’agression russe, la Chine, comme la Russie, ont refusé de signer la déclaration exigeant le «retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l’Ukraine».
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à gauche) rencontre le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à New Delhi le 2 mars 2023. © HANDOUT / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY
«La déclaration (finale) a été bloquée et le résultat de la discussion sera décrit dans le résumé dont parlera la présidence indienne», a indiqué devant la presse Sergueï Lavrov. Les discussions sur le texte ont notamment échoué en raison de l’insistance de la Russie à y faire figurer la nécessité d’une enquête «impartiale», après les explosions qui ont endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique.
Moscou et Pékin ont de plus accusé les pays occidentaux d’avoir recours au «chantage» et aux «menaces» pour imposer leurs vues. «Nous parlons de bonnes manières. Eh bien, nos homologues occidentaux sont devenus très mauvais en la matière. Ils ne pensent plus à la diplomatie, ils ne font que du chantage et menacer tout le monde», a affirmé le chef de la diplomatie russe devant la presse.
Les précisions d’Armelle Charrier, chroniqueuse international à France 24.
Un G20 divisé
Après un an de guerre en Ukraine, le sommet du G20 a vu se cristalliser les tensions entre la Russie et les États-Unis. Dans le même temps, la Chine, également en froid avec Washington, a affiché son entente avec Moscou.
De son côté, Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a expliqué que la réunion avait été «une nouvelle fois gâchée» par la guerre «injustifiée» menée par Moscou en Ukraine.
Le chef de la diplomatie américaine, qui tient à maintenir la pression sur Moscou, a toutefois eu une brève entrevue avec son homologue russe – la première depuis le début de la guerre. La veille, il avait pourtant assuré ne pas avoir prévu de rencontre.
Lavrov déclenche l’hilarité
La déclaration n’est pas passée. Invité d’une conférence sur la géopolitique dans la capitale indienne, le ministre russe des Affaires étrangères a tenté de mettre son pays dans la peau de l’agressé. Il n’a récolté que l’hilarité de la salle.
Alors qu’il s’exprimait, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait affirmé jeudi: «vous savez, la guerre que nous tentons d’arrêter, qui a été lancée contre nous en utilisant des Ukrainiens…»
Mais le diplomate en chef de Moscou a peiné à finir sa phrase, interrompue par les rires des auditeurs. Il a finalement poursuivi, visiblement déstabilisé : «(La guerre) a bien sûr influencé la politique russe, ce qui inclut la politique énergétique».
This is hilarious. And embarrassing. Russian Foreign Affairs Minister Lavrov says "the war we are trying to stop was launched against us" and the Indian audience – supposedly sympathetic – audibly laughs. Russian "diplomats" think that the lies they use to feed Putin's fantasies… pic.twitter.com/ue5I61ZvuO
— Konstantin Sonin (@k_sonin) March 3, 2023
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