Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 11/04/25 à 9:34
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Voyeurisme, quand tu nous tiens

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Ah, mes aïeux. Voilà qu’en 2025 on se retrouve avec une nouvelle aventure digne d’un film comique de 1995 ! Notre bonne vieille CNSS a été victime d’un piratage qui a fait fuiter à la fois salaires, données personnelles et, paraît-il, quelques secrets bien gardés. Vrais ou faux, là n’est pas le débat.

La CNDP, notre autorité en chef de la protection des données personnelles, qui a bien pris son temps pour diffuser un communiqué, nous rappelle, avec toute la solennité d’un imam en plein sermon du vendredi, que le traitement des données doit se faire dans le respect total de la loi n°09-08. Oui, oui, mes amis, il faut du consentement éclairé pour fouiner dans les dossiers des autres. Mais entre nous, qui parmi nous ne s’est jamais dit, en voyant défiler sur Instagram les aventures de son cousin, « Jabha frasso », « Meziana fih » ?

C’est là que débute la farce : dans un univers parallèle où tout le monde veut être à la fois le chasseur et le chassé, chaque fuite de données se transforme en un spectacle digne de nos « Sahrato Lakoum ». Imaginez un peu le scénario, stupéfaites et inquiètes de voir leurs secrets dévoilés, certaines entreprises ont fini par annoncer fièrement qu’elles étaient parmi les 200, que tous les médias jugent d’« entreprises stratégiques du pays ». Quelle reconnaissance.

La situation a pris des proportions rocambolesques. Mais soyons francs, dans notre pays, on adore « namima » et encore plus quand il s’agit de chiffres et de relevés bancaires ! Waw waw, on ne peut s’empêcher de jeter un œil (voire deux) par « pure curiosité et en toute innocence », bien sûr, car, « non, moi je ne suis pas intéressé par ces dossiers ». A d’autres. C’est comme quand tu passes devant une immense villa et que tu ne peux t’empêcher de regarder. Après quoi, l’on se rassure tous en se disant qu’ils ont dû l’obtenir par des moyens frauduleux.

Et c’est là que ce hacking intervient ! En révélant des salaires dignes de numéros de téléphone, il conforte l’idée que nous avons tous, nous Marocains, que si certains réussissent, ça ne peut pas être à la sueur de leur front ! Quelle ironie savoureuse…