Quatorze heures. C’est le temps qu’il aura fallu pour que le gouvernement de Sébastien Lecornu s’effondre, avant même d’avoir existé. Une démission express, révélatrice d’un pouvoir à bout de souffle et d’un pays enfermé dans une mécanique institutionnelle devenue absurde. Emmanuel Macron, confronté à cette débâcle, a donné 48 heures à ses troupes pour « trouver une solution ». Comme si, après tant de bricolages, une issue pouvait surgir d’un ultime arrangement de couloir.
Depuis la débâcle des législatives de l’année dernière, la France vit sous perfusion politique. Les alliances de circonstance succèdent aux promesses d’un « nouveau souffle » et chaque tentative de recomposition tourne à la crise de nerfs. Lecornu, censé incarner une figure d’équilibre, a fini par symboliser l’impasse. Ses négociations de dernière minute avec la droite et le centre ont exposé, en pleine lumière, un jeu politicien indécent où tout le monde invoque « l’intérêt général » en maniant la menace et la rumeur.
Pendant que le président consulte, tergiverse et s’enferme dans l’Élysée, les oppositions orchestrent leur mise en scène : Olivier Faure (PS) espère toujours un Premier ministre issu de ses rangs, Jean-Luc Mélenchon (LFI) réclame la dissolution, Marine Le Pen (RN) la démission… Côté Renaissance (le parti du président), on quitte le navire pour s’extraire au plus vite de l’héritage de ces dernières années : Édouard Philippe évoque désormais une présidentielle anticipée, tandis que Gabriel Attal assure ne plus comprendre son « maître ». Seule conformité : tous s’installent dans la posture du sauveur, tout en sachant qu’aucun ne possède la majorité nécessaire pour gouverner. Le pays, lui, regarde cette comédie avec un mélange de lassitude et de colère.
Les responsables politiques donnent le spectacle de leur propre impuissance. Ils avancent par calcul, s’expriment par sous-entendus et tentent de sauver leur image dans un pays qui n’y croit plus. Ce n’est plus de la stratégie, c’est de la manœuvre. Ce n’est plus de la politique, c’est de la survie. Et tout cela se fait au nom d’un prétendu « intérêt supérieur de la France » que plus personne ne parvient à discerner. À l’étranger, l’image de la France s’est, elle aussi, écornée depuis de nombreuses années. Le pays des Lumières, de la liberté d’expression et des acquis sociaux ne fait plus rêver. La France, jadis admirée pour son modèle républicain et son rayonnement intellectuel, est désormais perçue comme un pays fatigué, indécis, peu tolérant et enfermé dans ses querelles internes.
La « recherche de stabilité » vantée par le camp présidentiel ressemble désormais à un acharnement thérapeutique. Macron prétend encore pouvoir sauver son quinquennat, alors que son autorité s’effrite jour après jour, jusque dans son propre camp. Le « chef » de la Vᵉ République n’en est plus que l’ombre de lui-même. Or, la Constitution de 1958 n’a pas été pensée pour le besoin de compromis que vivent aujourd’hui les Français. Ceux-ci paient l’inadéquation entre des institutions conçues pour fabriquer verticalité et stabilité, et un pays plus fracturé que jamais.
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Ce soir, Sébastien Lecornu doit remettre ses dernières recommandations à Emmanuel Macron : l’instauration d’un gouvernement technique, la nomination d’un Premier ministre issu de la gauche, ou une dissolution de l’Assemblée nationale — qui ne résoudrait probablement rien. Car si le président dissout et que le nouveau scrutin conduit à une impasse, ce qui est très probable, l’issue logique resterait une présidentielle anticipée. Dans ce cas, le prochain président élu ne pourrait pas redissoudre l’Assemblée avant un an. Autrement dit, le blocage serait institutionnalisé.
Il est temps de poser les cartes sur la table, de faire table rase de cette mascarade et de réfléchir, lucidement, à la manière dont la France peut à nouveau se gouverner. Mais il faut aussi avoir le courage de l’admettre : dans l’état actuel de la Vᵉ République, cela semble impossible. Ce n’est pas une Constitution de compromis, mais de pouvoir. Et Emmanuel Macron, lui, voit le sien lui échapper.
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