Cover chronique HARMONIE
Anass Hajoui Publié le 14/08/25 à 10:31
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Contagieuse incohérence

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Riads, plages, montagnes… Le plus beau pays au monde appelle à soutenir l’économie nationale, à voyager en interne, à consommer marocain. Les discours sont beaux, les slogans alléchants.

Mais que serait un slogan marocain s’il n’était pas contredit par ses propres initiateurs ? Cette année, il s’affiche en pleine lumière. Qui ? Le chef du gouvernement, également grand patron, prend le large vers une île étrangère. La ministre du Tourisme, visage officiel de la promotion du Maroc, choisit, elle aussi, un autre horizon. Quelle incohérence.

C’est étrange, ce contraste entre les discours et les faits. Dans un pays où le chômage progresse, où les prix grimpent, où les vacances deviennent un luxe inaccessible pour beaucoup, voir ses dirigeants profiter d’un décor étranger laisse un goût amer. En politique comme en affaires, l’image n’est jamais neutre. Chaque geste, chaque lieu, chaque photo est un message.

Alors, on explique. On invoque le droit aux vacances. On sépare la vie privée de la fonction. On mise sur la mémoire courte. Mais l’opinion, elle, ne sépare pas si facilement. Elle retient ce qu’elle voit, et ce qu’elle voit contredit ce qu’elle entend toute l’année.

A force d’ignorer la perception, on finit par sous-estimer son impact. Dans les affaires, un faux pas d’image se paie en parts de marché. En politique, il se paie en confiance publique. Et cette confiance ne se regagne pas facilement.

Allons bon, laissons-les se reposer, ce n’est pas comme s’ils partaient en voyage toute l’année. Quelle douce incohérence.