CAN 2025 : comment l’hôtellerie se réinvente pour attirer 20 millions de visiteurs ?

Lors du Showcase, un événement organisé récemment à Casablanca, Imad Barrakad, directeur général de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), a présenté les leviers de cette transformation. Retour sur les enjeux, les réalisations et les perspectives d’un secteur en pleine mutation.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Le Maroc a enregistré en 2024 un afflux record de 18 millions de touristes, un chiffre en hausse constante depuis la reprise post-pandémie. Pour 2025, l’objectif est clair : atteindre entre 19 et 20 millions de visiteurs. Un pari ambitieux mais réaliste, selon Imad Barrakad, qui souligne que « l’investissement touristique est une priorité du gouvernement ». Avec un budget annuel de 8 milliards de dirhams, le secteur hôtelier est au cœur de cette dynamique.

La stratégie nationale, déployée depuis 2023 et prévue jusqu’en 2026, vise à renforcer la capacité d’accueil et à améliorer la qualité des infrastructures. « Nous avons créé plus de 43.000 lits en trois ans, alors que l’objectif initial était de 40.000 », précise Imad Barrakad. Parallèlement, plus de 60.000 lits ont été rénovés pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante. Ces efforts ont attiré des investisseurs nationaux et internationaux, tout en stimulant la création d’emplois et le développement économique des régions.

Lire aussi: Aérobus relie désormais Casablanca à l’aéroport Mohammed V avec une navette 24h/24

Une stratégie multidestinations

L’un des principaux atouts du Maroc réside dans sa capacité à offrir une gamme touristique variée, adaptée à tous les profils. « Chaque destination au Maroc a sa propre stratégie et son propre produit », explique Imad Barrakad. Qu’il s’agisse de tourisme culturel (Marrakech, Fès), balnéaire (Agadir, Dakhla) ou naturel (l’Atlas, le Sahara), le pays mise sur une approche « multidestinations » pour séduire une clientèle diversifiée.

Pour soutenir cette croissance, le Maroc a fortement investi dans ses infrastructures : aéroports, autoroutes et voies ferroviaires. Ces améliorations facilitent l’accès aux régions tout en renforçant l’attractivité du pays pour les investisseurs. « Le Maroc se positionne comme un hub d’investissement en Afrique et au Moyen-Orient », souligne Imad Barrakad, qui insiste sur l’importance de ces infrastructures pour stimuler les flux touristiques et économiques.

Des défis à relever

Avec l’afflux croissant de touristes, la question des prix devient un enjeu majeur. Imad Barrakad souligne que « les prix dans le tourisme dépendent du marché et de la demande ». Pour éviter une hausse excessive, la solution réside dans l’augmentation de l’offre hôtelière. « Plus il y a de lits disponibles, plus les prix peuvent se stabiliser », explique-t-il, tout en précisant que la régulation reste « de l’ordre du ministère ».

Le Maroc se prépare à accueillir des événements majeurs, comme la Coupe d’Afrique des nations (CAN) dans quelques jours et la Coupe du monde 2030. Ces rendez-vous sportifs représentent une opportunité unique pour le secteur hôtelier, mais aussi un défi logistique. « Il faut se préparer dès maintenant en développant les infrastructures nécessaires », insiste Imad Barrakad. Les hôtels construits ces dernières années devront répondre à une demande accrue tout en garantissant un niveau de service irréprochable.

Lire aussi: Rénovation hôtelière : 7 MMDH mobilisés par « Cap Hospitality »

14 filières touristiques d’ici à 2026

La feuille de route 2023-2026 prévoit la création de 14 filières touristiques, chacune adaptée à une niche spécifique. « Nous sommes très avancés dans la mise en œuvre de cette stratégie », affirme Imad Barrakad. Ces filières visent à structurer l’offre et à répondre aux attentes des touristes, qu’ils recherchent culture, détente ou aventure.

Contrairement à d’autres destinations où le tourisme se concentre dans les grandes villes, le Maroc mise sur un développement harmonieux de toutes ses régions. « Nous orientons le développement touristique vers les zones les plus éloignées », précise Imad Barrakad. Cette approche permet de désengorger les sites saturés et de créer des opportunités économiques dans des territoires souvent négligés.

Avec une vision claire, des investissements massifs et une stratégie inclusive, le Maroc s’impose comme un modèle de développement touristique en Afrique. Les résultats sont déjà visibles : capacité hôtelière renforcée, attractivité accrue et perspectives prometteuses pour les années à venir.

« Le tourisme est un levier de croissance pour le pays », conclut Imad Barrakad. Alors que le secteur se prépare à accueillir 20 millions de visiteurs, une question reste ouverte : le Maroc deviendra-t-il la prochaine grande destination touristique mondiale ?