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Rétrospective 2023 : les multiples défis de l’Afrique

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L’année 2023 a été marquée par des développements politiques et climatiques en Afrique. De la transition politique suite au retrait des forces françaises du Burkina Faso à l’élection présidentielle nigériane, en passant par le premier sommet sur le climat à Nairob. Ces événements ont façonné le paysage politique du continent, marquant à la fois des fins et des commencements dans divers pays. Chaque événement, qu’il s’agisse d’un coup d’État ou d’un changement de leadership, a eu un impact profond sur la dynamique régionale et les relations internationales, témoignant des défis et des opportunités auxquels l’Afrique est confrontée.

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L’Afrique a connu cette année une période de changements politiques notables et de défis environnementaux sans précédent. Des transitions de pouvoir aux crises climatiques, le continent a connu une série d’événements qui ont reconfiguré son environnement géopolitique et souligné l’urgence des problématiques environnementales. Ces moments décisifs, depuis les changements de régime jusqu’aux initiatives pour combattre le changement climatique, ont mis en évidence la résilience de l’Afrique et sa capacité à s’adapter aux réalités mondiales en évolution.

Enjeux géopolitiques et climatiques 

Le continent a accueilli son premier sommet sur le climat à Nairobi, rassemblant des dirigeants pour développer une stratégie commune contre le réchauffement climatique. La «Déclaration de Nairobi», résultat de cette rencontre, a mis l’accent sur la nécessité d’accroître la production d’énergies renouvelables en Afrique et a appelé à une refonte de l’architecture financière, y compris la restructuration de la dette et l’introduction d’une taxe sur le carbone. Cet événement a abouti à des promesses d’investissements de 23 milliards de dollars dans les énergies renouvelables.

Parallèlement, le continent a dû faire face à de graves catastrophes naturelles. Le Maroc a été frappé par un violent séisme, causant de nombreuses victimes et blessés, tandis que la Libye a subi des inondations dévastatrices, entraînant des pertes humaines importantes. Ces événements dramatiques ont mis en évidence la vulnérabilité de l’Afrique face aux effets du changement climatique.

De plus, la Corne de l’Afrique a connu une sécheresse persistante, entraînant des déplacements massifs de population, suivis par des inondations qui ont aggravé la situation dans plusieurs pays. Face à ces défis climatiques, les leaders africains, lors de la COP28, ont appelé à des actions plus robustes et à une transition équitable vers une économie moins dépendante des combustibles fossiles.

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Coups d’État  

Poursuivant la tendance des dernières années, la série de coups d’État s’est poursuivie en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2023. Les sixième et septième prises de pouvoir militaires des trois dernières années ont eu lieu au Niger et au Gabon cette année. Ailleurs en Afrique de l’Ouest, des tentatives de coups d’État ont également été déjouées en Sierra Leone et en Guinée-Bissau.

Les leaders militaires ont continué à prendre le pouvoir, exploitant la profonde satisfaction des citoyens et leur colère envers la classe dirigeante en raison de l’absence de dividendes démocratiques.

Une série d’élections nationales contestées tout au long de l’année a aussi alimenté la narrative militaire de corruption politique omniprésente et d’influence extérieure excessive. Les élections au Zimbabwe, au Nigeria, en Eswatini, au Gabon, en Sierra Leone et à Madagascar ont été fortement contestées et dénoncées par les citoyens. L’exception était le Liberia où le président sortant George Weah a concédé l’élection à l’ancien vice-président Joseph Boakai.

«La démocratie n’a pas centré les intérêts de nombreux citoyens dans ces pays», a déclaré Leena Kofi-Hoffman, associée du programme Afrique au think tank londonien Chatham House. «La vie de ces citoyens ne s’est pas améliorée dans de nombreux contextes parce que la stabilité politique a été priorisée sur les véritables dividendes démocratiques», poursuit-il.

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Conflits continus  

L’accord fragile entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide paramilitaires s’est rompu en avril, plongeant le Soudan, le troisième plus grand pays d’Afrique, dans un conflit dévastateur. Ce développement a causé la mort de plus de 10.000 personnes et le déplacement de millions d’autres. En conséquence, la guerre menace désormais la stabilité des régions voisines de la Corne de l’Afrique et du Sahel.

Par ailleurs, en Somalie, des affrontements territoriaux entre les régions autonomes du Somaliland et du Puntland ont évolué en une crise. De plus, en Afrique centrale, le conflit prolongé en République démocratique du Congo, riche en minéraux, a connu une escalade mortelle avec une offensive renouvelée des rebelles M23. Le gouvernement congolais, soutenu par l’Union européenne et les États-Unis, accuse le Rwanda de soutenir ce groupe, qui contrôle maintenant une zone significative dans la province du Nord-Kivu.

Enfin, un an après la trêve entre le gouvernement éthiopien et les forces du Tigray, la normalité commence à revenir dans le nord de l’Éthiopie. Cependant, des tensions persistent avec les milices Fano dans la région de l’Amhara, autrefois alliées aux forces fédérales durant la guerre du Tigray. Ainsi, d’anciens alliés sont devenus ennemis, déclenchant de nouveaux et violents affrontements.

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Reprise de Kidal et sécurité au Mali

À la mi-novembre, l’armée malienne a fait une percée en reprenant le contrôle de Kidal, une ville clé du nord du Mali. Kidal, sous l’emprise de groupes armés touaregs depuis plus d’une décennie, représente un pas important pour le gouvernement militaire en place depuis le coup d’État d’août 2020. La reconquête de cette région est considérée comme une étape essentielle dans la stratégie des autorités pour reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire malien.

Cependant, malgré cette avancée, la situation sécuritaire reste précaire, particulièrement dans le centre et le nord du Mali. La région est toujours confrontée à des attaques terroristes fréquentes. Depuis la reprise de Kidal, plusieurs incidents violents orchestrés par le Jnim, affilié à Al-Qaïda, et par l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), ont été rapportés dans les localités de Labbezagan, Gossi, Tessalit et Ménaka. Ces événements soulignent la complexité et la persistance des défis sécuritaires auxquels le Mali doit faire face dans sa lutte contre le terrorisme et pour la stabilisation du pays.

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Perspectives électorales en 2023

Les élections africaines, souvent entachées de clichés sur leur prétendue fraude et ethnicisation, s’avèrent de plus en plus être des rendez-vous démocratiques imprévisibles. En novembre 2023, l’Afrique a conclu une série d’élections problématiques, mais essentielles, débutant par Madagascar le 16 novembre puis le Liberia le 14 novembre. Ces scrutins, accompagnés d’autres élections au Nigeria, au Gabon, en Sierra Leone et au Zimbabwe, ont soulevé des inquiétudes sur la perspective démocratique du continent, à l’exception notable du Liberia.

Au Nigeria, considérée comme un leader stratégique en Afrique de l’Ouest, l’année électorale a débuté avec une élection controversée, voyant Bola Tinubu élu président avec seulement 37% des voix, la participation la plus faible de la Quatrième République. Les améliorations technologiques apportées au processus électoral n’ont pas réussi à rassurer, exacerbant les divisions politiques et ethniques.

En Sierra Leone, l’élection a suivi la tendance nigériane, avec des inquiétudes exprimées par le Département d’État américain sur l’intégrité du processus. Des rapports d’intimidation et de harcèlement de l’opposition ont entaché le scrutin.

Le Gabon a connu des irrégularités préélectorales conduisant à un coup d’État militaire le jour des élections, avec des restrictions gouvernementales sévères sur les médias et l’accès à Internet.

Au Zimbabwe, la réélection d’Emmerson Mnangagwa a été marquée par la répression et des irrégularités, reflétant un climat électoral tendu.

À Madagascar, malgré les demandes de report, le président Andrey Rajoelina a remporté les élections dans un contexte de faible participation.

En revanche, au Liberia, la défaite du président George Weah a signalé un progrès démocratique important.

L’élection présidentielle égyptienne a vu la victoire du président sortant Abdel Fattah al-Sissi dans un contexte économique difficile, tandis que la RDC a géré les complexités d’un scrutin étendu, reflétant les divers défis politiques et démocratiques en Afrique.

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Élections Afrique en 2024 

L’année 2024 se profile comme une période charnière pour plusieurs nations africaines avec une série d’élections présidentielles et générales prévues.

Au Liberia, une élection présidentielle est prévue le 14 novembre 2024. Ce scrutin est perçu comme un test pour la démocratie libérienne, offrant la possibilité d’un renouvellement du leadership politique. Cela survient dans un contexte où le pays continue de se reconstruire après des années de conflits civils et de défis économiques.

Aux Comores, une élection présidentielle est prévue le 14 janvier 2024. Ce petit archipel, qui a traversé des périodes d’instabilité politique, se trouve à un carrefour. Le résultat de ce scrutin pourrait soit renforcer la trajectoire démocratique du pays, soit replonger la nation dans les turbulences politiques.

Le Sénégal tiendra son élection présidentielle le 25 février 2024. Réputé pour sa stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, il se prépare à un événement qui pourrait confirmer ou remettre en question sa réputation de modèle démocratique dans la région.

Le Mozambique se prépare pour un scrutin général, comprenant des élections présidentielles, législatives et locales, le 9 octobre 2024. Ce pays, confronté à des défis sécuritaires, notamment dans sa région nord, aborde ces élections avec une importance capitale pour son avenir politique et économique.

Enfin, le Ghana, souvent cité comme exemple de démocratie en Afrique, tiendra des élections générales le 7 décembre 2024. Ces élections sont attendues comme une confirmation de la maturité démocratique du pays.

Ces élections en 2024 sont d’une importance pour l’Afrique. Elles ne se limitent pas aux impacts nationaux, mais auront également des répercussions sur la dynamique régionale et internationale. Le continent, en quête continue de démocratisation, de stabilité politique et de développement, verra dans ces scrutins une opportunité pour consolider ses acquis et relever de nouveaux défis.