Côte d’Ivoire : un scrutin attendu dans un climat prudent
La campagne électorale en Côte d’Ivoire s’est achevée ce jeudi 23 octobre à minuit. Pendant trois semaines, les cinq candidats en lice ont parcouru le pays. Il s’agit de : Alassane Ouattara, président sortant, Simone Ehivet, ancienne première dame, Jean-Louis Billon, homme d’affaires et ancien ministre, Ahoua Don Mello, ancien cadre du PPA-CI et Henriette Lagou, ancienne ministre.
Plutôt que de privilégier de grands rassemblements dans la capitale, les candidats ont misé sur les tournées à l’intérieur du pays. Ils ont rencontré des chefs coutumiers, des acteurs économiques et des groupes socioprofessionnels pour présenter leurs programmes.
Les thèmes dominants ont été la stabilité politique, la relance économique, la valorisation des ressources locales, la cohésion sociale et la gouvernance publique. Le ton est resté globalement mesuré lors des meetings. Néanmoins, la campagne a été marquée par une certaine méfiance et quelques incidents localisés.
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À quelques heures du premier tour de la présidentielle, la Côte d’Ivoire retient son souffle. Après deux semaines de campagne, les cinq candidats ont tenté de convaincre un électorat partagé entre espoir de stabilité et scepticisme politique.
Dans ce contexte, les autorités ont promis une organisation « exemplaire ». Plus de 8,7 millions d’électeurs sont appelés à choisir leur président parmi les figures majeures de la scène politique ivoirienne.
Malgré cette préparation, la campagne s’est déroulée dans un climat relativement calme, mais pas totalement dépourvu de tensions. Certaines régions ont connu des frictions locales, tandis qu’à Abidjan et dans plusieurs grandes villes, des marches ont été interdites. Officiellement pour « préserver l’ordre public », cette décision a également été perçue par certains acteurs politiques comme une limitation de la libre expression démocratique.
Côté sécurité, le gouvernement a mobilisé d’importants moyens humains et logistiques pour prévenir tout débordement. Des unités de maintien de l’ordre ont été déployées dans les zones sensibles. La Commission électorale indépendante (CEI) assure avoir renforcé la formation de ses agents pour garantir un vote régulier et transparent.
Désintérêt, lassitude et résignation d’une partie des électeurs
Au-delà des discours officiels, le principal défi de ce scrutin pourrait bien être le taux de participation. En 2020, seuls 53,9% des électeurs avaient voté. Cette année, les signes d’un désengagement encore plus marqué sont nombreux.
Dans certains quartiers résidentiels d’Abidjan, l’effervescence est loin d’être au rendez-vous. Les ruelles sont calmes et les discussions politiques rares. Beaucoup se disent fatigués, constatant que rien ne change malgré les campagnes répétées. D’autres voient l’abstention comme un acte de protestation. Pour eux, la démocratie semble illusoire. Aller voter apparaît inutile, comme jouer un match dont on sait d’avance qu’on va perdre.
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Cette résignation illustre une fracture grandissante entre les élites politiques et une partie de la population. Une majorité ne croit plus en la possibilité d’un véritable changement par les urnes. Certains évoquent encore les traumatismes de la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait fait plus de 3.000 morts.
La peur de s’exprimer persiste. Beaucoup redoutent de dire ce qu’ils pensent, ne sachant pas qui est de quel bord. La méfiance divise et le vote semble parfois superflu.
Des mécanismes de surveillance pour garantir la transparence
Pour rassurer l’opinion publique et la communauté internationale, une soixantaine de structures ont été accréditées pour observer le scrutin et veiller à sa transparence. Parmi elles, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) déploie plus de 2.300 observateurs à travers le pays.
Une salle de situation a été aussi mise en place pour suivre en temps réel ce qui se passe sur le terrain. Les informations remontent grâce à une application dédiée, permettant de surveiller chaque étape du processus électoral.
L’observation couvre l’ouverture des bureaux de vote, le déroulement du scrutin, le dépouillement et la centralisation des résultats. En cas de dysfonctionnement, les autorités compétentes sont immédiatement saisies pour y remédier. Le CNDH collabore étroitement avec la Commission électorale indépendante et le ministère de l’Intérieur.
Cette présence d’observateurs nationaux et internationaux vise à renforcer la crédibilité du processus électoral, souvent remise en cause lors des précédentes élections.
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Méfiance et attentes sociales en toile de fond
Si le climat électoral semble relativement calme, les attentes économiques et sociales restent très fortes. Le pouvoir d’achat, l’emploi des jeunes et la sécurité figurent parmi les préoccupations majeures des citoyens. Ces thèmes, largement présents dans les discours de campagne, contrastent avec la réalité vécue par de nombreux Ivoiriens.
D’ailleurs, le coût de la vie ne cesse d’augmenter et les disparités régionales persistent. Dans les zones rurales, beaucoup se sentent oubliés de la croissance économique. Les promesses de routes, d’hôpitaux ou d’écoles peinent à se concrétiser sur le terrain.
Face à ce constat, les organisations de la société civile appellent à une participation massive. Leur objectif est d’éviter que le vote soit confisqué par une minorité politisée. Des campagnes locales ont été menées pour sensibiliser les jeunes et les primo-votants, même si leur impact reste limité face au désintérêt généralisé.
Côte d’Ivoire : une élection scrutée de près par la région
La présidentielle ivoirienne dépasse largement les frontières nationales. En Afrique de l’Ouest, les transitions politiques récentes au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont ravivé les débats sur la légitimité des régimes civils et militaires. Dans ce contexte régional instable, la Côte d’Ivoire apparaît comme un test pour la stabilité démocratique.
Pour suivre le scrutin de près, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine ont dépêché des missions d’observation. Le but est de garantir le bon déroulement du vote et de prévenir tout dérapage susceptible d’alimenter les tensions.
Parallèlement, les chancelleries occidentales insistent sur la nécessité d’un processus inclusif et pacifique. L’Union européenne et les Nations unies ont même appelé les candidats à respecter les résultats et à privilégier les voies légales en cas de contestation.
Malgré les promesses d’élections « libres et transparentes », l’ombre des crises passées plane toujours. La moindre irrégularité pourrait raviver le mécontentement populaire.
À la capitale économique, prudence et vigilance dominent. Entre électeurs désabusés, observateurs sur le terrain et institutions en alerte, la Côte d’Ivoire s’apprête à franchir un moment clé de son histoire politique récente.
Le scrutin du 25 octobre 2025 pourrait offrir une nouvelle impulsion démocratique ou rappeler les fractures qui persistent dans la société ivoirienne.