Balayer devant sa porte

Les chiffres publiés en milieu de semaine sur les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique par ONU Commerce & Développement, ex-Cnuced, sonnent comme un rappel de la dégradation continue de la perception du risque des pays africains. La hausse impressionnante de 84% des flux des IDE en 2024, soit 94 milliards de dollars, est plus que trompeuse, car elle ne tient qu’à un gigantesque projet de construction d’une ville nouvelle dans la péninsule de Ras El-Hekma en Egypte par un fonds souverain émirati. Si l’on enlève ce méga-projet, les IDE à destination de l’Afrique l’an dernier retombent à 50 milliards de dollars. C’est moins que le bénéfice réalisé l’année dernière par JP Morgan ou la trésorerie d’Apple. Rapporté au nombre des pays, cela fait une moyenne de moins d’1 milliard de dollars d’IDE captés. Trop peu pour relever les défis du développement et de la création d’emplois dans un continent où 60% de la population a moins de 25 ans.
Les gouvernements africains n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes si les investisseurs ne se bousculent pas vers le continent malgré le potentiel qu’on nous vante dans les forums qui essaiment partout, de Johannesburg au Caire. La réalité est qu’aucun investisseur ne peut prendre des risques dans un pays où du jour au lendemain, il peut se faire déposséder de ses biens ou que l’Etat décide de s’inviter de force dans le tour de table de sa société, ou encore, de subir un harcèlement de l’administration fiscale parce que l’Etat manque d’argent. Les filiales de multinationales et les groupes miniers qui opèrent au Sahel en savent quelque chose. Plutôt que de crier à un soi-disant « complot de l’impérialisme », les gouvernements africains seraient inspirés de commencer par balayer devant leur porte.