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37ᵉ Sommet de l’UA : peu d’avancées, beaucoup de déceptions

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Le 37ᵉ Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) a pris fin le dimanche 18 février à Addis-Abeba. Une trentaine de dirigeants du continent s’étaient réunis dans la capitale éthiopienne pour discuter des crises secouant l’Afrique. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, représentait le roi Mohammed VI à ce sommet. En clôture de cet événement crucial, le Commissaire du Conseil paix et sécurité (CPS) a souligné une situation « très inquiétante » sur le continent. Détails.

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C’est samedi que le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) a commencé ses travaux au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba. Lors de l’ouverture du sommet, le président de la Commission, Moussa, Faki Mahamat, a dressé un «tableau peu reluisant» du continent, soulignant la crédibilité en berne de l’UA. Il a décrit une Libye «divisée», un Soudan «meurtri», une Corne de l’Afrique générant des tendances inquiétantes, les Grands Lacs montrant des signes d’aggravation, et le Sahel suscitant de vives inquiétudes. Le terrorisme déstructure certains États africains, les changements non constitutionnels de gouvernement se multiplient, et l’échec à contrer ces phénomènes est patent. En marge de l’événement, le président angolais João Lourenço, médiateur de l’UA, a organisé des discussions sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), marquée par un conflit entre la rébellion du M23 et l’armée congolaise.

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La démocratie s’évapore

Mahamat a souligné que les élections, en raison de leurs irrégularités croissantes, deviennent des facteurs aggravants de crises. Le président de la Commission de l’UA a exhorté le Sénégal, «pays modèle en matière de démocratie», à retrouver «la voie de la sagesse» après le report de l’élection présidentielle en février. Saluant l’invalidation de ce report par le Conseil constitutionnel, Mahamat a appelé à des élections «inclusives, libres et transparentes».

Critiquant souvent l’inefficacité de l’UA, Mahamat n’a pas ménagé les dirigeants africains, dénonçant des décisions prises sans volonté politique de les appliquer. Au cours des trois dernières années, 93% des décisions n’ont pas été mises en œuvre, a-t-il regretté, soulignant le non-respect fréquent des décisions des organes continentaux par les États membres.

Profitant de la dernière année de son mandat, Mahamat a rappelé l’urgence politique et sécuritaire qui mine le continent et menace gravement ses institutions.

De son côté, l’ambassadeur Bankole Adeoye, assumant le rôle de Commissaire des affaires politiques du Conseil paix et sécurité (CPS) de l’UA, a relayé les préoccupations des chefs d’État et de gouvernement face à la déstabilisation croissante du continent, en particulier les coups d’État militaires.

Il a évoqué la suspension de six pays ayant dévié du chemin démocratique, notamment les trois pays du Sahel, la Guinée, le Gabon et le Soudan. L’Assemblée a souligné l’application d’une politique de tolérance zéro à l’égard de ces coups d’État. «La suspension est la sanction principale pour les changements anticonstitutionnels, car ils ont violé les valeurs fondamentales de l’UA en matière de démocratie», a déclaré Adeoye, citant les exemples du Soudan, du Gabon, du Niger, du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso.

Cependant, il a souligné que l’Union africaine soutient le processus de transition pour restaurer l’ordre constitutionnel. Travaillant avec divers acteurs, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’UA a lancé la Facilité africaine de soutien à la transition inclusive en Afrique, visant à faciliter des transitions politiques similaires, efficaces et inclusives pour les États membres suspendus.

Adeoye a rappelé que l’UA a agi en tant qu’observateur lors de 13 élections l’année dernière et prévoit d’en observer 15 cette année, soulignant l’engagement du continent envers le renforcement des pratiques démocratiques.

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Lula, invité de marque du Sommet de l’UA

Le Proche-Orient s’est également invité au sommet, avec la présence du Premier ministre palestinien Mohammad Chtayyeh. Dans un discours accusateur, il a dénoncé Israël pour ses actions à Gaza, qualifiant la situation de «tuer pour tuer».

L’intervention très applaudie du président brésilien Luiz Inácio Lula Da Silva, invité d’honneur du sommet, a mis en avant la nécessité d’un nouvel ordre mondial dans lequel l’Afrique jouerait un rôle prépondérant.

Bien que condamnant les attaques du Hamas, Da Silva a qualifié l’opération militaire israélienne de «génocide», la comparant à l’extermination des Juifs par l’Allemagne nazie. Ces déclarations font partie des plus virulentes jamais formulées sur le conflit en cours entre Israël et le mouvement palestinien du Hamas par Lula, éminente voix du Sud dont le pays assure actuellement la présidence tournante du G20.

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La Mauritanie assure la présidence tournante

Lors de la cérémonie d’ouverture du 37ᵉ Sommet ordinaire de l’UA à Addis-Abeba, le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a reçu les symboles du pouvoir, le drapeau et le marteau, officialisant ainsi son rôle de nouveau président en exercice pour un mandat d’une année.

Le transfert de responsabilité intervient après la présidence de l’Union des Comores, assurée par Azali Assoumani pour la période 2023-2024. Dans son discours, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a exprimé sa gratitude et son honneur face à cette distinction, tout en soulignant la conscience aiguë des responsabilités qui en découlent. Il a souligné que l’Afrique et le monde traversent une période de plus en plus difficile, exigeant une gestion minutieuse des défis actuels.

Le président en exercice de l’UA a mis en avant le choix du thème de cette année, «Éducation africaine pour le XXIᵉ siècle : construction de systèmes éducatifs résilients pour accroître l’accès à une éducation inclusive, continue, de qualité et adaptée en Afrique». Il a souligné l’importance vitale de l’éducation en tant que levier puissant pour le développement durable, la sécurité, la stabilité, et la réduction du chômage, de la pauvreté et de la vulnérabilité.

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Ce 37ᵉ sommet a également été marqué par les divisions entre les États membres, notamment sur la question de l’est de la RDC, entre la Somalie et l’Éthiopie, ainsi qu’entre le Maroc et l’Algérie. Alors que l’UA a été intégrée au G20 en septembre 2023, des interrogations subsistent quant à la capacité de l’organisation à adopter une position commune.