Le Maroc et la CAN : un demi-siècle de rêves et de désillusions
Ahmed Faras recevant le trophée de la Coupe d'Afrique des Nations 1976 © DR
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Les Lions de l’Atlas restent à ce jour sacrés champions d’Afrique une seule fois, en 1976 en Éthiopie. Une consécration historique, obtenue au terme d’un tournoi parfaitement maîtrisé, sous la conduite de feu Ahmed Faras et d’une génération devenue référence. Cette édition demeure la plus aboutie du Maroc, qui s’était imposé dans une poule finale relevée face à l’Égypte, au Nigeria et à la Guinée.
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Les premières participations et le sacre fondateur de 1976
La première participation marocaine remonte à 1972 au Cameroun. Solide mais souvent accroché, le Maroc quitte la compétition dès le premier tour, éliminé à l’issue d’un tirage au sort malgré trois matchs nuls. Ahmed Faras s’y illustre déjà, annonçant l’éclosion d’un grand cycle.
Quatre ans plus tard, en Éthiopie, les Lions de l’Atlas écrivent la plus belle page de leur histoire. Invaincus tout au long du tournoi, ils dominent le Nigeria, l’Égypte et la Guinée lors du second tour et décrochent le titre continental. Faras termine meilleur joueur de la compétition, symbole d’un Maroc conquérant et discipliné.
Années 1980-1990 : régularité sans consécration
Tenant du titre, le Maroc est éliminé dès le premier tour en 1978 au Ghana. Un scénario qui se répétera à plusieurs reprises dans les décennies suivantes. Les années 1980 sont marquées par une présence régulière dans le dernier carré, sans jamais parvenir à soulever le trophée.
En 1980 au Nigeria, les Lions atteignent les demi-finales et terminent troisièmes. Même scénario en 1986 et 1988, avec des éliminations frustrantes face à l’Égypte, au Cameroun ou à l’Algérie. Malgré des joueurs de talent, le Maroc peine à franchir le dernier palier.
Les années 1990 confirment cette tendance : qualifications parfois laborieuses, éliminations précoces, mais aussi quelques éclairs, notamment en 1998 au Burkina Faso, où le Maroc impressionne en phase de groupes avant de tomber en quarts face à l’Afrique du Sud.
2004, l’illusion d’un second sacre
La CAN 2004 en Tunisie reste l’un des plus grands regrets du football marocain. Portés par une génération inspirée (Chamakh, Youssef Haji, Mokhtari, Baha), les Lions de l’Atlas réalisent un parcours remarquable. Après avoir éliminé l’Algérie en quarts puis écrasé le Mali en demi-finale, le Maroc atteint la finale pour la deuxième fois de son histoire.
Mais face à la Tunisie, pays hôte, le rêve s’effondre. Battus 2-1, les Marocains laissent échapper un titre qui semblait à portée de main.
Une CAN souvent cruelle au 21ᵉ siècle
Depuis 2006, le Maroc alterne entre éliminations au premier tour et sorties prématurées en phases finales. Malgré des générations talentueuses et des joueurs évoluant dans les plus grands championnats européens, les Lions de l’Atlas peinent à confirmer sur la scène continentale.
Les éliminations face au Bénin en 2019, à l’Égypte en 2017 et 2021, ou encore à l’Afrique du Sud en 2023, illustrent une CAN souvent impitoyable pour le Maroc, capable de dominer en phase de groupes avant de céder au moment décisif.
Un statut à assumer à domicile
Vainqueur en 1976, finaliste en 2004 et demi-finaliste à plusieurs reprises, le Maroc est aujourd’hui à un tournant de son histoire. L’organisation de la CAN sur son sol place les Lions de l’Atlas face à leurs ambitions et à l’héritage qu’ils portent.
À domicile, dans des stades modernes et devant leur public, les Marocains ne se contenteront plus de participer : ils devront convaincre, assumer leur statut et tenter, près de cinquante ans après Addis-Abeba, de retrouver enfin le sommet continental.
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