Le Maroc s’apprête à franchir une étape décisive dans la modernisation de son architecture politique. Le projet de loi organique n°53.25, modifiant la loi n°27.11 relative à la Chambre des représentants, incarne une refonte des règles du jeu électoral. Par ce texte, l’exécutif entend renforcer la transparence, élargir la participation citoyenne et, surtout, raviver la confiance d’une jeunesse souvent désabusée face à la sphère politique.
La réforme se distingue par plusieurs innovations notables. Elle ouvre désormais la possibilité aux citoyens de moins de 35 ans de se présenter aux élections sous des listes indépendantes, affranchies de l’encadrement des partis traditionnels. Pour encourager les jeunes candidats, l’État prendra en charge jusqu’à 75% des dépenses de campagne, que les candidats soient affiliés à des partis ou pas.
Cependant, cette ouverture s’accompagne de conditions strictes. Les candidats indépendants devront recueillir 200 signatures d’électeurs de leur circonscription, dont 30% de femmes au niveau local et 50% au niveau régional. Cette exigence, à la fois symbolique et rigoureuse, traduit la volonté du législateur d’associer équité, responsabilité et représentativité dans l’accès à la compétition électorale.
L’objectif affiché est de favoriser le renouvellement des élites sans compromettre la cohésion du système politique. Néanmoins, cette réforme soulève des réserves. Certains observateurs craignent que la collecte des signatures, opération lourde et chronophage, ne décourage les jeunes dépourvus d’appuis solides ou de réseaux établis, transformant ce mécanisme en obstacle plutôt qu’en tremplin démocratique.
La question du financement suscite également des inquiétudes. Les fonds destinés aux candidatures indépendantes seront partiellement prélevés sur les subventions allouées aux partis politiques. Plusieurs leaders politiques redoutent ainsi un déséquilibre du jeu démocratique : comment préserver le rôle constitutionnel des partis, garants de l’encadrement citoyen, si une partie croissante des moyens publics est redirigée vers des initiatives non partisanes ?
Certaines formations politiques ont d’ailleurs anticipé ces mutations. Le secrétaire général du Parti marocain libéral (PML) a déjà invité ses coordinateurs régionaux à préparer des listes indépendantes pour les prochaines élections – jusqu’à 30 par circonscription. Cette stratégie, inspirée des dispositions préliminaires du texte, vise à tirer parti des nouvelles opportunités de financement public. En effet, le projet prévoit une aide directe de 350.000 DH (75% des frais de campagne pour un plafond de dépenses de 500.000 DH) pour chaque liste indépendante composée exclusivement de jeunes – hommes et femmes – de moins de 35 ans. L’anticipation du dirigeant du PML illustre combien cette réforme reconfigure déjà les stratégies partisanes, avant même son adoption par le Parlement.
Mais au-delà des calculs tactiques, c’est la philosophie même du texte qui interpelle. L’ouverture aux indépendants répond à un besoin réel de pluralisme et de renouveau, mais elle invite aussi à repenser la place du parti politique dans la démocratie marocaine. Si les candidatures citoyennes peuvent servir d’instrument de régénération, elles risquent aussi de fragmenter la scène publique et d’encourager une personnalisation excessive de la vie politique.
Le législateur semble conscient de ces dérives potentielles. Le projet introduit un cadre éthique plus strict, excluant toute personne condamnée pour des infractions électorales et durcissant les sanctions contre les atteintes à la sincérité du scrutin. Ces garanties visent à renforcer la crédibilité du processus démocratique, dans l’esprit du discours royal sur la moralisation de la vie publique.
Un autre aspect de la réforme, hautement débattu, concerne la lutte contre la désinformation. Le texte prévoit des peines de prison allant de deux à cinq ans et des amendes substantielles pour quiconque diffuserait de fausses informations susceptibles de nuire à la crédibilité des élections ou à la réputation des candidats, y compris via Internet et les outils d’intelligence artificielle. Le gouvernement y voit un instrument nécessaire pour préserver la loyauté du scrutin et protéger l’opinion publique contre les manipulations numériques. Les défenseurs des droits de l’Homme y discernent un risque d’atteinte à la liberté d’expression, du fait de formulations jugées ambiguës, notamment celle évoquant le « doute sur la sincérité des élections ». D’où la nécessité de définir clairement les critères d’application, afin de concilier intégrité électorale et libre débat citoyen.
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