Ce jour-là, le Maroc ferma le long chapitre d’un règne monarchique, pour en ouvrir un autre, plus jeune, plus moderne, plus mondialisé. Le roi Mohammed VI accédait au Trône. Un fils succédait à son père. Et l’histoire changeait…

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Le 30 juillet 1999, Rabat s’éveilla dans le silence solennel des grandes transitions. Quelques jours plus tôt, le Maroc enterrait le roi Hassan II, dont la voix, grave et intransigeante, avait bercé plus de trois décennies d’histoire nationale. Ce matin-là, sous les dorures d’un trône hérité autant que conquis, un homme de trente-six ans prononçait son premier discours en tant que Roi. Le roi Mohammed VI, que l’on appelait encore « Sidi Mohammed » quelques heures plus tôt, devenait le vingt-troisième monarque de la dynastie alaouite. Un Roi montait sur le trône et un pays changeait de visage.

Un héritage lourd de sens

roi Mohammed VI 30 07 99
Première prière du roi Mohammed VI en tant que Souverain, aux côtés du prince Moulay Rachid et du premier ministre de l'époque, Abderrahmane Youssoufi, le 30 juillet 1999 © Mohamed Maradji

On n’hérite pas d’un Royaume comme on hérite d’une bibliothèque. C’est moins une affaire de savoirs que de symboles, de rituels. Quand le roi Mohammed VI succède à son père, c’est une dynastie qui se prolonge. Le règne de feu le roi Hassan II fut celui de la verticalité absolue. Un Roi bâtisseur, stratège, un maître du verbe, qui régna à l’ombre des coups d’Etat avortés.

Le roi Mohammed VI, quant à lui, ne vient pas du même moule. Il a étudié à Bruxelles, à Nice, puis à Rabat. Ce 30 juillet, il parle de justice, d’équité, de pauvreté à combattre, de gouvernance à réinventer. Bienvenue dans le registre de la modernisation. Le Prince héritier devient Roi.

Le Trône alaouite au Maroc est symboliquement très fort. C’est un équilibre ancien entre pouvoir, sacré et Nation.

L’imaginaire d’un peuple

Ce 30 juillet 1999, dans les premières heures du règne, un mot circule plus que les autres, et ce mot est espoir. Les Marocains parlent d’une nouvelle ère, d’un vent de fraîcheur, d’un « Roi des pauvres ». Oui, c’est ce terme qui est revenu le plus souvent, même des décennies après. Quartiers défavorisés, prisons politiques, régions oubliées… ils sont au cœur de ce vent de changement.

C’est la difficulté propre aux monarchies modernes, elles doivent être anciennes sans être archaïques. Le roi Mohammed VI, dès ce 30 juillet, entre dans ce rôle permanent. Il doit gérer l’économie, pacifier les mémoires, dialoguer avec l’Occident, et surtout, préserver l’essentiel, à savoir la pérennité de l’institution monarchique. Il y parviendra en réformant le Code de la famille, en ouvrant le champ politique, en lançant des projets d’envergure tels que les autoroutes, barrages, pôles financiers, mégaprojets d’énergies vertes…

A cette date historique, le Maroc est devenu une monarchie plus proche de son peuple, plus investie dans le quotidien, plus attentive aux urgences sociales.
L’histoire dira si ce pari fut tenu. 26 ans plus tard, les problématiques se sont multipliées : crise sanitaire, tensions sociales, question du Sahara, diplomatie africaine, redéfinition des alliances… Mais ce jour de juillet 1999, figé dans les archives, un Roi fut couronné et un pays tout entier se mit à espérer autrement.

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