Le 18 septembre rappelle, à travers plusieurs années ensanglantées, une charge historique ahurissante pour le continent africain. Les luttes d’indépendance et drames politiques ont largement marqué l’histoire coloniale et la décolonisation. De la conférence de Mwanza en 1958 au crash de Ndola en 1961, que s’est-il passé ?

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Si certaines journées sont célébrées pour des indépendances nationales, d’autres, comme le 18 septembre en Afrique, rassemblent plusieurs événements marquants, telles que des réunions politiques, décisions stratégiques, et tragédies, qui nous rappellent les luttes anti-coloniales et la difficile transition vers l’émancipation.

La crise de Fashoda (1898)

18 septembre en Afrique : des batailles coloniales, aux luttes pour la liberté
Illustration d'un livre relatant l'expédition Marchand à travers l'Afrique © H. Geffroy

Le 18 septembre 1898, le Soudan devient le théâtre d’un face-à-face emblématique entre deux empires coloniaux. A Fashoda (aujourd’hui Kodok), l’expédition française du commandant Jean-Baptiste Marchand croise les troupes anglo-égyptiennes dirigées par Lord Herbert Kitchener. Derrière ce tête-à-tête militaire se joue la confrontation des ambitions coloniales de la France, qui rêve d’un axe ouest-est reliant Dakar à Djibouti et de la Grande-Bretagne, qui défend son projet du Caire au Cap.

Si aucune bataille n’éclate ce 18 septembre, la tension atteint son paroxysme avant que Paris ne décide de se retirer. Cet épisode, connu comme la crise de Fashoda, rappelle les rivalités impérialistes en Afrique. Paradoxalement, il ouvre la voie à un apaisement plutôt long, car la reconnaissance des sphères d’influence aboutira à l’Entente cordiale de 1904, qui met fin aux affrontements directs entre les deux puissances coloniales.

18 septembre en Afrique : l’annonce de l’indépendance du Ghana (1956)

18 septembre en Afrique : des batailles coloniales, aux luttes pour la liberté
Le Ghana, une ancienne colonie britannique connue sous le nom de « Gold Coast » (Côte-de-l'or), proclame officiellement son indépendance le 6 mars 1957. Il s'agit d'une première pour un pays de l'Afrique noire © DR

Un demi-siècle plus tard, le 18 septembre 1956, Londres crée un choc politique en Afrique de l’Ouest. Le gouvernement britannique annonce officiellement que la Gold Coast (incluant l’Ashanti, les Northern Territories et le British Togoland) accédera à l’indépendance le 6 mars 1957 sous le nom de Ghana. Cette déclaration transforme les perspectives du continent, car pour la première fois, un territoire d’Afrique subsaharienne s’apprête à se libérer du joug colonial.

La décision résonne bien au-delà d’Accra. Elle galvanise les mouvements nationalistes du Nigeria, de la Guinée, du Sénégal ou du Cameroun, qui voient dans le futur Ghana une preuve concrète que la fin de l’ordre colonial est possible. La promesse d’indépendance annoncée ce 18 septembre symbolise l’ouverture d’une nouvelle ère, où l’Afrique subsaharienne se prépare à écrire sa propre histoire.

4 avril 1968 : assassinat de Martin Luther King Jr.

Naissance d’un pan-africanisme (Mwanza, 1958)

A la fin des années 1950, les forces nationalistes d’Afrique de l’Est et du Centre multiplient les initiatives d’union face aux puissances coloniales. C’est dans cet esprit que se tient, du 16 au 18 septembre 1958, la conférence de Mwanza (Tanganyika), qui fonde la Pan-African Freedom movement for East and Central Africa (PAFMECA), future PAFMECSA. Dirigée par des figures telles que Julius Nyerere et Tom Mboya, cette organisation visait à coordonner les luttes pour l’indépendance et à créer des solidarités régionales. La réunion de Mwanza rappelle combien le 18 septembre en Afrique peut être lu comme une date fondatrice pour l’action collective anti-coloniale en Afrique de l’Est.

PAFMECA jouera un rôle politique et symbolique. En articulant revendications sociales et stratégies politiques, elle permit aux mouvements locaux de dépasser des cadres strictement nationaux et de s’inscrire dans une dynamique régionale qui préparera plusieurs indépendances au début des années 1960.

18 septembre en Afrique : le drame de Ndola et la crise congolaise (1961)

18 septembre en Afrique : des batailles coloniales, aux luttes pour la liberté
Le secrétaire général de l'ONU, Dag Hammarskjöld (à gauche), avec le leader de la province congolaise du Katanga, Moïse Tshombe, à Elisabethville (aujourd'hui Lubumbashi) le 15 août 1960 © AFP

Trois ans plus tard, la date prend une autre tonalité. Dans la nuit du 17-18 septembre 1961, l’avion transportant le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, s’écrase près de Ndola (alors en Rhodésie du Nord, aujourd’hui Zambie) alors qu’il se rendait pour tenter de négocier un cessez-le-feu dans la crise congolaise. Hammarskjöld et quinze personnes à bord périssent, événement qui bouleverse les négociations et jette une ombre sur l’action internationale en Afrique post-coloniale.

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L’accident a donné lieu à des enquêtes successives, qu’elles soient locales ou onusiennes, ainsi que de récentes initiatives pour rouvrir le dossier, sans aboutir à une conclusion unanimement acceptée. Certains éléments ont soulevé la possibilité d’un acte hostile (témoignages, analyses documentaires) tandis que d’autres soutiennent l’hypothèse d’un accident. La mort d’un dirigeant onusien en mission de paix a accentué la dimension politique et internationale du conflit congolais, où s’entremêlaient intérêts locaux, compagnies minières et rivalités de la Guerre froide.

Les archives, enquêtes journalistiques et recherches universitaires récentes rappellent l’importance de continuer à interroger la date du 18 septembre en Afrique.

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