Le 15 février 1956, le Sultan Mohammed V arrive à Paris afin d’engager les discussions sur l’indépendance du Maroc et l’annulation du traité de Fès de 1912. C’est le début d’une nouvelle ère pour la souveraineté d’un pays.

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Sur les bords de la Seine, en février 1956, un vent de changement souffle dans les salles du Quai d’Orsay. L’arrivée de feu le Sultan Mohammed V, accompagné d’une délégation marocaine, provoque une certaine agitation. Ce voyage n’est pas qu’une simple visite de courtoisie. C’est le début d’un dialogue incontournable entre la France et le Maroc, pour discuter des bases d’une indépendance tant espérée. Les négociations entre la puissance coloniale et le Royaume en quête de liberté ressemblent alors à un affrontement diplomatique.

Faisons un petit retour en arrière, pour la mise en contexte. Depuis le traité de Fès de 1912, le Maroc était sous un protectorat français. Pour faire court, le peuple pouvait garder sa culture, sa religion, mais ne jouissait pas des pleins droits d’un Etat souverain. Ce qui mena, dans les années 1950, à des revendications nationalistes, soutenues par le Parti de l’Istiqlal, engagé dans la lutte pour l’indépendance.

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L’exil du Sultan Mohammed V à Madagascar entre 1953 et 1955, était intentionnel de la part de la puissance coloniale, afin d’amenuiser son pouvoir sur les Marocains. Cela a eu l’effet contraire et avait enflammé les esprits et uni les Marocains, plus que jamais ! Son retour triomphal au Maroc en novembre 1955 fait de lui LE symbole de l’unité nationale. Il devient logique que nulle négociation ne puisse se faire, à présent, sans le Sultan Mohammed V. Le 15 février 1956, son voyage à Paris est un de ces jalons à cette quête d’autonomie. La France, divisée entre préserver son pouvoir colonial et lâcher prise face aux changements qu’elle ne saurait gérer, l’observe.

Des négociations sur fond de dialogues et de tensions

Les discussions franco-marocaines commencent dans une ambiance sérieuse et prudente. Le Sultan était bien entouré. La délégation marocaine comptait de grandes figures du nationalisme marocain, toutes convaincues de la légitimité de leur cause !

Le Parti de l’Istiqlal était représenté par trois de ces leaders, à savoir Abderrahim Bouabid, stratège dont la réputation n’est plus à faire, Mohamed Lyazidi, orateur éloquent et Mehdi Ben Barka, un intellectuel visionnaire. Aux côtés d’eux, les représentants du Parti pour la Démocratie et l’Indépendance (PDI), Abdelhadi Boutaleb et Ahmed Cherkaoui, apportent une diversité au débat.

Les discussions portent sur des points incontournables à un nouveau départ tel que l’annulation du traité de Fès, la reconnaissance de la souveraineté marocaine et les modalités de la transition. La France, représentée par Guy Mollet et Christian Pineau, alors ministre des Affaires étrangères, se montre, évidemment, peu encline à lâcher du terrain, mais ça, c’était au début. La détermination marocaine force le respect !

Il est une aura qui ressort clairement de ces négociations : l’indépendance n’est pas une faveur, mais un droit !

Le poids du symbole

Plus qu’un dirigeant, le Sultan Mohammed V devient un symbole pour les Marocains. Son voyage à Paris dépasse la simple mission diplomatique, c’est une déclaration ad vitam æternam pour son peuple. Dans un discours puissant, il exprime l’attachement du Maroc à ses traditions tout en affirmant son désir de s’intégrer dans un monde moderne et pacifique.

Les images du Sultan à Paris transmettent ce message fort qui dépassera les frontières. Il représente une Afrique qui se relève, un monde anciennement colonisé qui réclame justice et dignité. Pour la presse mondiale, il est une preuve vivante qu’un dialogue entre ceux qui ont colonisé et ceux qui ont été colonisés, bien que compliqué, peut mener à une solution pacifique.

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Les négociations durent plusieurs semaines, mais le 2 mars 1956, l’Histoire change. La France reconnaît, malgré elle, l’indépendance du Maroc, mettant fin à 44 ans de convoitise. C’est le début d’une nouvelle période, lors de laquelle le pays retrouve sa liberté tout en créant des relations avec l’ancienne colonie. Ce succès provient d’un long combat, mais aussi d’une planification très stratégique. Choisir le dialogue au lieu de combats a permis au Maroc d’obtenir son indépendance sans violence, ce qui était rare dans les processus de décolonisation.

Près de 70 ans après, cet événement reste fort dans l’esprit populaire du Maroc. La visite du Sultan Mohammed V en France et les discussions qui ont suivi montrent la force et l’unité de la nation…

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