Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Économie / Une monnaie virtuelle dans le viseur de Bank Al-Maghrib

Une monnaie virtuelle dans le viseur de Bank Al-Maghrib

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

Les nouvelles monnaies numériques se multiplient. Monnaies électroniques, mobiles et autres monnaies virtuelles apparaissent partout dans le monde et suscitent un intérêt inédit. Bank Al-Maghrib (BAM) entend aussi se pencher sur ce type d’échanges émis via la technologie décentralisée de la Blockchain, et ce, pour plusieurs raisons. Qu’est-ce qu’une monnaie virtuelle ? À quoi ça sert ? Qu’est-ce qui fait sa valeur ?

Temps de lecture : 5 minutes

Le Web ne cesse d’évoluer. L’ère du web 3.0 ou internet des objets a rapidement évolué. Toutefois, si l’on parle beaucoup de big data et d’objets connectés, on semble bien souvent oublier qu’en parallèle, une autre révolution émerge : celle de la technologie Blockchain. Les cryptomonnaies et la Blockchain ne sont pas des phénomènes nouveaux. C’est autour des années 1980 que l’on situe leurs naissances avec l’entreprise DigiCash Inc. Cette dernière a été créée dans le but de mettre sur pied la première monnaie virtuelle utilisée dans le monde entier. DigiCash avait, cependant, échoué à faire adopter son projet au grand public.

Ainsi, c’est au cours de la dernière décennie qu’il y a eu une réelle évolution dans l’acceptation et l’adoption des cryptomonnaies par le grand public. Ces monnaies virtuelles étaient considérées, d’une part, comme formes alternatives de paiement, mais également et surtout, comme outil d’investissement.

En effet, après le lancement et le succès des cryptos comme Bitcoin, Litecoin, Ethereum, d’autres cryptomonnaies ont rapidement suivi. Plus récemment, le Dogecoin, créé comme une plaisanterie, a commencé à prendre une place importante grâce notamment à l’impulsion d’Elon Musk.

Écouter aussi :Qu’est-ce que le Dogecoin, cette cryptomonnaie parodique ?

Grâce à la Blockchain, qui permet à des inconnus de réaliser des transactions, sans intermédiaire, de façon sécurisée et sûre, puisque chaque maillon de la chaîne est garant de l’ensemble, ce type de monnaie prospère. Or, si le débat économique semblait clos sur la question au début des années 2000, les nouveaux supports monétaires réactivent interrogations et analyses, les problématiques de fond restant la question de la dématérialisation et de la position face aux monnaies privées. Le système bancaire hiérarchisé subit directement l’impact de ce phénomène. En effet, les nouveaux acteurs et les nouvelles monnaies numériques contestent la vision contemporaine de la monnaie puisqu’ils tendent à s’affranchir des institutions monétaires et bancaires. La mobilisation de la théorie monétaire s’avère alors inévitable.

Face au développement du monde financier désintermédié et décentralisé du Bitcoin se joue aussi la maîtrise du contrôle monétaire. Ainsi, tandis que la notoriété et le cours du Bitcoin, la doyenne des cryptomonnaies, ont fortement progressé pendant la crise Covid-19, la Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme la banque centrale des banques centrales, veut accélérer le lancement des monnaies numériques d’État et des systèmes de paiement pour le grand public, via la technologie Blockchain. Toutefois, alors que le Bitcoin et ses petites sœurs reposent sur un registre de compte public, la BRI vise à règlementer ce marché. En effet, son projet, tout comme celui de Facebook avec la monnaie Diem (ex-Libra), se développe sur des Blockchains privées et centralisées.

D’après la BRI, 86% des banques centrales dans le monde travaillent déjà sur ce sujet. En effet, la banque centrale de l’empire du Milieu s’entraîne, depuis quelques mois, sur une application «maison» pour développer l’usage du yuan en mode «virtuel». Ainsi, dans quelques mois, la Chine devrait devenir le premier pays au monde à entièrement digitaliser sa monnaie. D’autres pays comme la Suède et le Canada sont intéressés et mènent des recherches dans ce sens, pilotés par leurs banques centrales. Cet engouement grandissant a sûrement donné des idées à la banque centrale marocaine.

Qu’en est-il du E-Dirhams ?

Au Maroc, où l’usage des cryptomonnaies est formellement interdit depuis fin 2017, si la mise en place d’une monnaie digitale ne pourra voir le jour qu’à moyen ou long termes, il devient urgent de s’y préparer dès maintenant. Une réalité dont Bank Al-Maghrib (BAM) est bien conscient, puisque ce dernier a déjà annoncé la création d’un comité chargé d’analyser les avantages et les risques d’une monnaie digitale. Selon la MAP, ce comité réfléchira sur les impacts de la monnaie digitale sur la politique monétaire, la structure de l’intermédiation bancaire, la stabilité financière et le cadre juridique. Il est ainsi chargé d’identifier et d’analyser les avantages et risques d’une Central Bank Digital Currency (CBDC).

Baptisée E-Dirhams, cette devise virtuelle pourrait être mise en œuvre, mais pas de façon décentralisée, explique Rachid Guerraoui, professeur d’Informatique à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), à Le Boursier. Cette monnaie «pourrait apporter des solutions intéressantes sur la résolution des problèmes liées au cash, ce qui rend la corruption beaucoup plus difficile», a-t-il indiqué, expliquant qu’à «partir du moment où tout devient traçable et infalsifiable, vous éliminez de nombreux problèmes». Il a ajouté que si ce genre de monnaie commence à se développer en Afrique, peut être que le Maroc pourrait se positionner comme un pionnier en la matière, à l’instar de l’Estonie en Europe et sous-traiter des services.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Capital Investissement : un record de 3 milliards de DH en 2023

En 2023, les levées de fonds ont atteint un montant historique de 3 milliards de dirhams, mobilisés pour l'investissement au Maroc. Ce recor…

Agriculture : résilience et adaptation face aux défis climatiques

Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, a présenté devant la Chambre des conseillers un rapport détaillant l'état des ressources hydrique…

Aviculture, un secteur volatile ?

Du côté des volatiles, parfois ça va, parfois ça ne va pas. Les dernières données publiées par la Fédération interprofessionnelle du secteur…

Interview : quels secteurs sont les plus vulnérables aux cyberattaques ?

Les cyberattaques représentent une menace croissante pour les entreprises, les gouvernements et les individus à l'échelle mondiale. Avec l'a…

ACAPS : innovation et durabilité au cœur de la stratégie 2024-2026

Le troisième plan stratégique triennal de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) pour la période 2024-202…

Bonne dynamique de l’activité économique nationale en 2023

L'arrêté des comptes nationaux pour l'année 2023 met en lumière une croissance robuste de l'économie nationale, atteignant 3,4% contre 1,5% …

Portefeuille de l’État : la réforme en marche

Sous la présidence du roi Mohammed VI, le Conseil des ministres a adopté, samedi, les orientations stratégiques de la Politique actionnarial…

Gitex Africa 2024 : bilan positif et perspectives prometteuses pour le Maroc

Entre les murs chargés d'histoire de Marrakech, du 29 au 31 mai, s'est déroulée la seconde édition de Gitex Africa 2024, soulignant une étap…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire