Washington scelle un partenariat sanitaire inédit avec le Kenya
Le Kenya a franchi une étape diplomatique majeure en devenant, le 4 décembre, le premier pays du continent africain, et du Sud global, à formaliser une coopération sanitaire directe avec les États-Unis sous la présidence de Donald Trump. L’accord, signé à Washington par le secrétaire d’État Marco Rubio et le président kényan William Ruto, marque le premier engagement de ce type depuis le démantèlement de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) intervenu en février.
Ce partenariat prévoit une enveloppe supérieure à 1,6 milliard de dollars injectée par Washington sur cinq ans pour renforcer les dispositifs de lutte contre plusieurs maladies endémiques, dont le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et la poliomyélite. Nairobi ajoutera 850 millions de dollars et s’engage à augmenter progressivement sa contribution afin d’assumer davantage la gestion financière de son système de santé.
Un contournement assumé des canaux multilatéraux
Pour de nombreux observateurs, cette coopération bilatérale directe apparaît comme une manière de s’affranchir de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Marco Rubio a été explicite : selon lui, financer des ONG ou des structures internationales réduit l’efficacité des aides et prive les pays partenaires de pouvoir décisionnel. Les fonds passeront désormais par les institutions publiques kényanes, une approche que William Ruto voit comme un moyen de garantir une meilleure transparence.
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Le Rwanda a rapidement suivi cette orientation en signant, deux jours plus tard, un accord similaire de 228 millions de dollars. Ces engagements s’inscrivent dans la nouvelle doctrine américaine en matière de santé mondiale, l’« America First Global Health Strategy », dévoilée en septembre.
Cette dynamique intervient alors que les États-Unis ont confirmé leur départ de l’OMS à compter du 22 janvier 2026, reprochant à l’organisation sa gestion de la pandémie de Covid-19 et la contribution financière jugée excessive.
Au cours des négociations menées en novembre, un point sensible a suscité de vives réactions : l’accès demandé par Washington aux données sur les agents pathogènes à potentiel épidémique. Jusqu’ici, ces informations étaient transmises à l’OMS. Le gouvernement kényan assure que seules des données anonymisées seront partagées, mais plusieurs voix s’interrogent sur la nature exacte des informations concernées et réclament la publication intégrale de l’accord.