Tchad : l’opposant Succès Masra entame une grève de la faim

L’opposant tchadien Succès Masra, ancien Premier ministre et président du parti Les Transformateurs, a annoncé mardi 24 juin avoir entamé une grève de la faim depuis sa cellule de détention. Cette décision fait suite à ce qu’il considère comme une arrestation arbitraire et injustifiée.
Dans une lettre adressée au peuple tchadien, lue publiquement au siège de son parti par une cadre du mouvement, Succès Masra dénonce fermement les poursuites engagées contre lui. Il est accusé par la justice tchadienne d’« incitation à la haine », de « révolte », de « constitution et complicité de bandes armées », ainsi que de « complicité d’assassinat » à la suite du massacre intercommunautaire de Mandakao, survenu le 14 mai et ayant fait 42 morts.
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L’acte d’accusation repose notamment sur un enregistrement audio datant de 2023, dans lequel il aurait appelé à « apprendre à utiliser une arme à feu ». Pour ses avocats, ces propos ont été sortis de leur contexte. Ils rappellent que ce discours, tenu dans un climat de violences dans le sud du pays, avait déjà fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, levé le 2 novembre 2023 à la faveur d’un abandon des poursuites dans le cadre d’une loi d’amnistie générale.
Une demande de liberté provisoire rejetée
Malgré la requête de ses avocats, la chambre d’accusation a refusé sa libération provisoire le 19 juin. Arrêté le 16 mai dernier, Succès Masra reste une figure centrale de l’opposition tchadienne, après avoir participé à l’élection présidentielle. Son incarcération et sa grève de la faim ravivent les tensions politiques au Tchad, dans un contexte déjà marqué par la défiance d’une partie de la population à l’égard des autorités de transition.