Secteur bancaire : entre résilience et adversités

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siege banques afriqueLes immeubles de UBA Bank, Union Bank et First Bank. © Jacob © Silberberg/PANOS-REA

Les banques en Afrique subsaharienne feront face à des défis persistants en 2024, avec des conditions d’exploitation similaires à 2023. Les risques liés à la qualité des actifs subsistent, mais la résilience des économies, soutenue par des prix élevés des matières premières, offre une lueur d’espoir. Malgré des préoccupations spécifiques dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, et l’Angola, certains points positifs émergent, notamment la stabilité à Maurice et des perspectives optimistes en Côte d’Ivoire.

Selon les prévisions de Fitch Ratings, les banques africaines affronteront, en 2024, des défis similaires à ceux de l’année précédente. Même si les conditions d’affaires restent compliquées à cause des risques locaux et mondiaux, beaucoup de pays montrent une certaine robustesse, en partie grâce aux prix élevés des matières premières. Bien que la croissance économique soit modérée et que certains soucis persistent, il semble que la plupart des pays africains ne devraient pas tomber dans une récession en 2024.

Les soucis majeurs demeurent autour de la qualité des actifs, avec des ménages et des entreprises touchés par l’inflation, des taux d’intérêt élevés, et des fluctuations de devises. Cependant, l’agence de notation estime que les banques pourraient faire face à ces risques grâce à des profits solides avant dépréciation résultant de taux d’intérêt élevés, d’une croissance toujours satisfaisante des prêts et, sur certains marchés, de gains de réévaluation sur les opérations à long terme.

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Hétérogénéité selon les pays

En observant de plus près, l’on voit cependant des différences marquées entre les pays.

En Afrique du Sud, les banques font face à des problèmes persistants malgré quelques signes d’amélioration, note BMI, la firme de recherche appartenant au groupe Fitch Solutions. Les coupures d’électricité, les frais élevés pour emprunter de l’argent, et le chômage restent des problèmes sérieux. Mais, il y a un peu d’espoir avec la prévision d’une accélération des prêts, même si des inquiétudes persistent concernant la qualité des prêts et la rentabilité des banques, en partie à cause des incertitudes entourant le statut du pays sur la liste grise du GAFI.

Dans la première économie du continent, au Nigéria, les banques adoptent une approche plus prudente en matière de prêts. Cela dit, cette prudence limite également la croissance. Les problèmes persistants tels que la dévaluation de la monnaie et les déséquilibres sur le marché des changes continuent de peser sur le secteur bancaire, et les réformes prévues pourraient être ralenties en 2024.

Au Kenya, des problèmes de manque d’argent et de pénurie de dollars affectent la capacité des banques à prêter. Pour les résoudre, le pays mise sur l’augmentation des réserves de change, les fonds du FMI et une situation politique plus stable. En Angola, les fluctuations monétaires prévues en 2024 vont mettre une pression supplémentaire sur les banques, surtout celles dont les actifs, prêts et dépôts sont en devises étrangères, même si elles ont des fonds propres assez élevés.

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Les bons élèves

Sur le tableau, quelques points positifs émergent aussi. C’est le cas notamment de Maurice qui reste stable, malgré une exposition élevée au risque de change, grâce à des prévisions positives pour la croissance économique et une monnaie relativement stable. La Côte d’Ivoire, quant à elle, affiche les perspectives les plus prometteuses de la région selon les analystes de BMI. Cette prévision serait soutenue par la reprise économique, l’assouplissement monétaire et les décaissements du FMI. Les analystes s’attendent à ce que l’activité économique reprenne en 2024 à mesure que l’inflation se modère et que la Coupe d’Afrique des Nations crée des opportunités d’emplois à court terme et stimule le tourisme. De plus, l’assouplissement de la politique monétaire devrait soutenir l’accès au crédit.

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2024 sera un défi pour les banques africaines, mais il y aura assurément des opportunités aussi. La clé sera d’adapter rapidement les stratégies pour faire face à cette période complexe.

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