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Niger : l’armée française sur le départ

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Paris amorce le processus de retrait de ses forces engagées au NigerImage d’illustration. © DR

Les troupes françaises stationnées au Niger s’apprêtent à entamer leur retrait du pays, selon une annonce de l’état-major des armées françaises. Ce retrait intervient dans un contexte de tensions persistantes avec le régime militaire issu du coup d’État du 26 juillet, qui exige un départ selon ses propres conditions.

L’état-major français a indiqué qu’ils allaient lancer l’opération de désengagement «dans la semaine», en collaboration avec les autorités nigériennes, tout en veillant à la sécurité du retrait.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé fin septembre la fin de la coopération militaire avec le Niger et le retrait progressif des 1 400 militaires français présents dans le pays sahélien «d’ici la fin de l’année». Cette décision faisait suite à la demande des nouvelles autorités qui avaient renversé le président Mohamed Bazoum et qui avaient remis en question les accords de défense liant Niamey à Paris.

Le régime militaire au pouvoir, représenté par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le gouvernement nigérien, a réagi en déclarant que le retrait devrait se faire conformément à leurs intérêts et à leurs conditions.

Environ 1.000 soldats et aviateurs français sont déployés sur la base aérienne de Niamey. 400 autres sont stationnés à Ouallam et Ayorou, dans le Nord-Ouest, aux côtés des forces nigériennes. Cette région est plus connue sous le nom de «trois frontières» et se situe entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, qui est un bastion de Daech.

Selon les autorités nigériennes, les 400 soldats français basés à Ouallam seront les premiers à quitter le pays, suivi du démantèlement de la base aérienne de Niamey d’ici la fin de l’année.

Cependant, les généraux nigériens ont accusé la France de ne pas avoir l’intention de quitter le Niger et semblent réticents à permettre un retrait en toute liberté aux militaires français.

L’opération de retrait s’annonce complexe, car le Niger servait de plateforme de transit pour les opérations antiterroristes au Mali depuis 2013, avant de devenir le point central de la présence française dans la région après le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso depuis l’été 2022.

Pour les militaires français, ce retrait met fin à une période d’incertitude de deux mois, marquée par des approvisionnements sporadiques et des manifestations anti-françaises régulières devant leurs bases à Niamey.

Les destinations finales pour le matériel militaire ne sont pas encore décidées, avec plusieurs options possibles, dont le rapatriement en France, l’envoi au Tchad voisin qui abrite le quartier général des forces françaises au Sahel, ou vers d’autres théâtres d’opérations.

Pour le moment, les militaires n’ont d’autre choix que d’utiliser la voie terrestre, soit par le Bénin (une option rejetée par le régime militaire nigérien), soit en direction du Tchad, ce qui impliquerait ensuite le transport des conteneurs vers le port de Douala au Cameroun, selon une source proche du dossier.

L’option d’un pont aérien semble compromise, car les autorités nigériennes interdisent actuellement le survol de leur territoire par des avions français.

La France, qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités au Niger, a restreint la délivrance de visas aux Nigériens et a mis fin à sa coopération dans le pays, l’un des plus pauvres au monde.

En 2022, le Niger a reçu 120 millions d’euros d’aide publique au développement de la part de la France, mais il fait actuellement l’objet de sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis fin juillet.

Regarder aussi : La France dépend-elle de l’uranium du Niger ?

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