En Afrique, le Maroc se classe parmi les pays les moins exposés au risque de blanchiment d’argent
Publié le 8 décembre par le Basel Institute on Governance, rattaché à l’Université de Bâle, le Basel Anti-Money Laundering Index 2025 dresse un état des lieux précis de la vulnérabilité de 177 pays face au blanchiment d’argent et aux crimes financiers. L’Afrique y occupe une place particulière : fortement exposée, mais aussi l’une des régions où les progrès sont les plus visibles cette année.
Sur les 48 pays africains évalués, 25 sont classés à risque élevé, 20 à risque moyen et seuls 3 à risque faible. Un déséquilibre persistant, qui rappelle l’ampleur des défis structurels en matière de gouvernance, de transparence financière et de lutte contre la corruption.
Comment le Basel AML Index mesure le risque de blanchiment d’argent
- Le classement repose sur 17 indicateurs, agrégés autour de cinq grandes catégories :
- la qualité du cadre réglementaire de lutte contre le blanchiment d’argent (50% du score),
- les risques de corruption et de fraude (17,5%),
- la transparence financière (17,5%),
- la transparence de l’action publique et la responsabilité (5%),
- les risques juridiques et politiques (10%).
Chaque pays obtient un score entre 0 et 10. Plus ce score est élevé, plus le risque est jugé important. Trois niveaux sont distingués :
- risque faible : moins de 4,70 points,
- risque moyen : entre 4,70 et 6,08 points,
- risque élevé : au-delà de 6,08 points.
RDC, Tchad, Guinée équatoriale : les pays africains les plus exposés en 2025
En tête du classement africain et parmi les pays les plus vulnérables au monde, figure la République démocratique du Congo, avec un score de 7,63 points, la plaçant au 3e rang mondial. Elle est suivie de près par le Tchad (4e mondial) et la Guinée équatoriale (5e).
Le Top 10 africain des pays les plus exposés au risque de blanchiment d’argent est complété par le Gabon, la Centrafrique, la Guinée-Bissau, la République du Congo, Djibouti, le Niger et l’Algérie, cette dernière fermant la marche à la 15e position mondiale.
Ces pays cumulent des fragilités bien connues : instabilité politique, faiblesse des institutions de contrôle, corruption endémique ou encore manque de transparence dans les flux financiers.
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A l’autre extrémité du classement, le Botswana s’impose comme le pays africain le moins exposé au risque de blanchiment d’argent en 2025, avec un score de 4,12 points, proche du seuil de risque faible. Il est suivi des Seychelles et de Maurice, seuls pays africains classés dans la catégorie à faible risque.
Derrière ce trio figurent la Tunisie, la Namibie, le Maroc, le Ghana, l’Egypte, la Zambie et le Sénégal, qui composent le Top 10 des pays africains les moins exposés.
Ces résultats reflètent des cadres réglementaires plus solides, une coopération accrue avec les instances internationales et, pour certains, des réformes ciblées imposées par leur passage récent sur les listes de surveillance du GAFI.
Par ailleurs, malgré un score moyen régional encore élevé (6,14 points), l’Afrique subsaharienne affiche une amélioration notable en 2025. 70 % des pays de la région ont vu leur score progresser, et surtout, sept des dix pays ayant le plus amélioré leur classement au niveau mondial sont africains.
Le Libéria, le Mozambique, le Burkina Faso, le Nigeria, le Mali, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire se distinguent particulièrement. Mieux encore, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont quitté la catégorie à risque élevé pour rejoindre celle à risque moyen.
Un progrès largement attribué au retrait de six pays africains de la liste grise du GAFI, signe d’efforts reconnus en matière de conformité et de surveillance financière.
Un contraste mondial toujours marqué
A l’échelle internationale, la Birmanie reste le pays le plus exposé au risque de blanchiment d’argent en 2025, devant Haïti, la RDC, le Tchad et la Guinée équatoriale. A l’inverse, les pays nordiques et européens dominent le bas du classement, avec la Finlande, l’Islande, Saint-Marin, le Danemark et l’Estonie.
Un contraste qui souligne une réalité persistante, à savoir la lutte contre le blanchiment d’argent reste indissociable de la solidité institutionnelle, de la stabilité politique et de la confiance dans l’action publique.
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Le Basel AML Index 2025 montre une Afrique loin d’être figée. Si les vulnérabilités demeurent profondes, les progrès observés témoignent d’un changement de dynamique, porté par la pression internationale, les exigences des marchés financiers et la nécessité d’attirer des investissements plus transparents.
Demeure l’enjeu central de transformer ces avancées techniques en résultats durables, capables de résister aux chocs politiques, économiques et sécuritaires qui continuent de fragiliser une partie du continent.