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Mahamoud Ali Youssouf, un outsider à la tête de l’Union Africaine

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Un outsider à la tête de l’Union AfricaineMahamoud Ali Youssouf, nouveau président de la Commission de l'Union Africaine. DR

Le 38e sommet des chefs d’États de l’Union africaine a abouti à l’élection du Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf à la présidence de la Commission. Un choix stratégique qui intervient alors que le continent est secoué par plusieurs crises, notamment en RDC et au Soudan.

Le 38e sommet des chefs d’États de l’Union africaine, a vu le candidat djiboutien remporter l’élection à la présidence de la commission de l’UA. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères, Mahamoud Ali Youssouf, a été élu pour remplacer le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Ayant exercé pendant près de 20 ans en tant que chef de la diplomatie djiboutienne, l’homme de 59 ans dirigera désormais l’organisation pour une durée de quatre ans.

Il faisait figure d’outsider face à l’opposant historique kényan, Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et s’était affiché avec les chefs d’États du continent. Trois candidats se disputaient le poste tournant du plus haut représentant de l’organisation panafricaine, à un moment charnière pour l’organisation continentale sur fond de conflits régionaux, notamment en République démocratique du Congo (RDC).

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La plupart des observateurs de l’Union africaine ont salué les compétences et la discrétion de Mahamoud Ali Youssouf. Ce diplomate chevronné parle le français, l’arabe et l’anglais. Proche du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, il a mené une campagne efficace qui lui a permis d’accéder à la présidence de la Commission de l’UA. Ce poste stratégique, réservé cette fois à un représentant de l’Afrique de l’Est, fait de lui le chef exécutif de l’organisation panafricaine avec 33 voix récoltées sur les 49 pays votants. L’élection s’est déroulée à bulletin secret et a nécessité une majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.

Mahamoud Ali Youssouf prend ses fonctions dans un contexte de fortes tensions en Afrique. À l’est de la République démocratique du Congo, le groupe armé M23, appuyé par l’armée rwandaise, mène une offensive qui risque d’embraser la région. Il devra aussi gérer la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023 et maintenir de bonnes relations avec les États-Unis.

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Dans un entretien qu’il avait accordé à l’AFP en décembre, Mahamoud Ali Youssouf avait souligné l’existence d’un « problème de gouvernance » dans plusieurs pays africains, notamment ceux frappés par des coups d’État. Des nations comme le Gabon, le Mali, le Niger et le Burkina Faso restent suspendues de l’UA, illustrant la crise politique que traverse le continent.

Soutien marocain au candidat djiboutien

La victoire du Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf à la présidence de la Commission est perçue comme une issue favorable. Le Maroc avait soutenu sa candidature contre le candidat kényan, misant sur les bonnes relations qu’il entretient avec Djibouti, un pays qui reconnaît l’autorité marocaine sur le Sahara occidental.

Il faut noter que depuis son retour à l’UA en 2017, le Maroc s’est imposé comme un acteur incontournable sur la scène africaine, grâce à la vision du roi Mohammed VI. D’ailleurs en 2018, l’Union africaine l’a désigné comme leader sur la question de la migration et a choisi Rabat pour abriter l’Observatoire africain des migrations. De plus, les initiatives royales en faveur du climat, lancées en 2016, restent une référence pour les pays africains dans leur lutte contre le changement climatique.

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Et ce 38e sommet n’a pas été en reste puisque, la participation du Maroc a été marquée par une contribution significative dans plusieurs réunions et événements de haut niveau. Le Royaume a notamment pris part à la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA) au niveau des chefs d’État et de gouvernement. Lors de cette rencontre, le Maroc a proposé une trêve humanitaire au Soudan pendant le mois sacré du Ramadan. Cette initiative, visant à permettre l’accès sans restriction à l’aide humanitaire, a été adoptée à l’unanimité.

Le Maroc a également participé à une réunion sur le financement de la santé. À cette occasion, il a annoncé une contribution importante pour renforcer la sécurité sanitaire en Afrique.

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Il convient de préciser que le Royaume a été élu au Conseil de Paix et de Sécurité pour deux mandats (2018-2020 et 2022-2025). Il a présidé cet organe à trois reprises et a lancé plusieurs initiatives concrètes pour la paix, la sécurité et le développement en Afrique. La déclaration de Tanger, adoptée à l’unanimité, a été une avancée significative dans l’approche « paix-sécurité-développement ».

Le Maroc s’est également distingué à travers le continent par la mise en place d’un programme de formation pour les observateurs électoraux de l’UA afin de renforcer la démocratie sur le continent. Il a réussi à placer des experts qualifiés dans des postes stratégique au sein de la Commission de l’UA.

Grâce à son engagement et à son rôle historique au sein de l’UA, le Maroc continue à œuvrer pour la paix, la bonne gouvernance et le développement en Afrique, en portant haut la voix du continent à l’échelle internationale.

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