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Quels sont les enjeux du 38e sommet de l’Union Africaine ?

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Quels sont enjeux du 38e sommet de l'Union Africaine ?Siège de l'Union Africaine à Addis-Abeba en Ethiopie. DR

Après huit ans à la tête de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat cèdera sa place lors du 38e sommet de l’UA à Addis-Abeba. Un scrutin décisif pour l’avenir du continent, alors que l’organisation doit faire face à des défis sécuritaires, économiques et institutionnels de tailles. Le nouveau président aura la charge de piloter des réformes cruciales et de renforcer le rôle de l’organisation sur la scène internationale.

Après huit ans passés à la tête de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat va céder le fauteuil de la présidence de l’organisation continentale au 38e sommet, session ordinaire des chefs d’État, qui se tiendra à Addis-Abeba en Éthiopie du 15 au 16 février sous le thème « Justice pour les Africains et les peuples : Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». Avec le retrait de l’ancien ministre des Affaires étrangères tchadien, l’UA devra lui trouver un successeur et les candidats ne manquent pas. Mais au-delà de l’aspect protocolaire, ce scrutin revêt une importance capitale pour l’avenir du continent africain. En effet, la nouvelle équipe dirigeante aura la lourde tâche de répondre aux multiples défis auxquels l’UA est confrontée, qu’ils soient d’ordre institutionnel, économique ou sécuritaire.

Le président sortant a réalisé des résultats probants comme l’admission de l’Union africaine en tant que membre du G20 et le renforcement des partenariats de l’UA avec les Nations unies et l’Union européenne. Il a aussi à son actif la mise en œuvre de l’accord sur la zone de libre-échange africaine conclu en 2018.

Un bilan en demi-teinte

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) constitue l’un des projets économiques les plus ambitieux de l’UA. Elle a pour objectif de créer un marché unique pour favoriser le commerce intra-africain et renforcer la croissance économique du continent. Cependant, trois ans après son lancement, sa mise en œuvre reste lente et incomplète. Les nouveaux responsables de l’UA devront donc accélérer l’application effective de ce projet en supprimant les barrières tarifaires et non tarifaires, en harmonisant les règlements commerciaux et en favorisant les investissements interrégionaux.

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Mais son mandat est également marqué par des échecs. Le président de la commission n’a pas réussi à parler d’une voix forte pour résoudre le conflit qui s’enlise au Soudan. Après l’échec de la médiation menée par l’IGAD, un leadership solide aurait été nécessaire pour alerter sur la gravité de la crise face aux puissances mondiales, distraites par le conflit ukrainien.

Un continent déchiré par les conflits et les attaques terroristes

Il faut noter que depuis plusieurs années, l’Union africaine peine à réaliser pleinement son potentiel en raison de problèmes structurels et administratifs. L’une des priorités des nouveaux dirigeants sera d’accélérer la réforme institutionnelle, visant à améliorer l’efficacité de l’organisation. Une meilleure coordination entre les différents organes de l’UA, ainsi qu’une réduction de la bureaucratie excessive, sont essentielles pour que l’organisation puisse agir avec plus de réactivité et d’efficacité.

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La nouvelle équipe qui succédera à celle de Moussa Faki Mahamat aura également du pain sur la planche. Le continent fait face à un défi sécuritaire avec plusieurs zones de conflits comme la région du Sahel, en Afrique centrale, en République démocratique du Congo ou encore au Soudan. Ces crises menacent la stabilité et entravent le développement de ces zones. Selon le président kenyan William Ruto, les conflits et le terrorisme, qui coûtent environ 18 milliards de dollars par an au continent et provoquent le déplacement de millions de réfugiés. Il a précisé qu’entre avril et juin 2024, près de 1.000 attaques terroristes ont été recensées, soit une moyenne de plus de onze attaques par jour, causant le déplacement interne de 35 millions de personnes.

Face à ces défis la succession de Moussa Faki Mahamat à la présidence de Commission de l’Union africaine, s’annonce âprement discutée avec trois candidats tous issus de la corde de l’Afrique. Il s’agit du Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, du Kenyan Raila Odinga et du Malgache Richard Randriamandrato.

Une présidence rotative de l’UA

Ce 38e sommet session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sera un moment de passage du flambeau de la présidence annuelle entre la Mauritanie et l’Angola. Cet évènement est très attendu puisque ce sera la première depuis sa création que ce pays dirigé l’organisation. Avec son président João Lourenço, qui s’est imposé comme un acteur incontournable sur des questions sécuritaires en Afrique australe, notamment dans la région des grands lacs et au sein de la SADC. Sur le plan économique, l’Angola, deuxième producteur de pétrole du continent.

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Le pays mise sur le corridor de Lobito pour faciliter les exportations des minerais stratégiques de la RDC et de la Zambie via son port. Ce projet bénéficie du soutien des pays occidentaux, en particulier des États-Unis, soucieux de contrer l’influence chinoise.  Le Leadership de ce pays lusophone n’est plus à démontre puisque c’est le seul pays africain que l’ex-président américain Joe Biden, a visité durant son mandat.

Les enjeux de l’élection de l’Union africaine sont considérables. Face aux défis institutionnels, économiques et sécuritaires, les nouveaux dirigeants devront faire preuve de volonté politique et de leadership visionnaire pour concrétiser les objectifs de l’Agenda 2063. Cette élection est donc bien plus qu’un simple renouvellement des instances dirigeantes : elle constitue un véritable test pour la capacité de l’Union africaine à jouer un rôle moteur dans la gouvernance et le développement du continent.

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