Madagascar : S&P alerte sur les risques économiques et budgétaires

L’agence américaine S&P Global Ratings a placé la note souveraine de Madagascar (« B-/B ») sous surveillance négative, pointant la montée des incertitudes politiques et économiques. Dans un communiqué publié le 17 octobre, S&P estime que l’instabilité actuelle compromet la croissance, la consolidation budgétaire et l’accès du pays aux financements extérieurs.
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La décision de l’agence intervient dans un contexte de crise profonde : depuis fin septembre, le mouvement de contestation « Gen Z », mené par la jeunesse contre les pénuries et la dégradation sociale, s’est transformé en crise politique importante. Après la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée par le président Andry Rajoelina, ce dernier a été écarté du pouvoir au profit d’une transition militaire dirigée par le colonel Michael Randrianirina. L’armée a promis l’organisation d’élections dans un délai de deux ans.
Les alertes de S&P
S&P avertit que cette situation pourrait affecter la continuité administrative et la capacité du nouveau pouvoir à honorer les engagements financiers du pays. L’agence anticipe désormais une croissance de 3% sur 2025-2026, contre 4,1% précédemment, et un déficit budgétaire moyen de 5,3% du PIB. Malgré tout, la dette publique demeure jugée modérée et largement concessionnelle, ce qui réduit les risques immédiats de défaut.
Cependant, la forte dépendance de Madagascar envers les bailleurs de fonds internationaux, tels que le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne, reste une source de fragilité. Un retrait ou un gel de leur soutien financier pourrait aggraver les déséquilibres macroéconomiques et accentuer la pression sur les finances publiques. S&P prévoit de réévaluer la note du pays dans un délai de trois mois, selon l’évolution de la stabilité politique et la capacité du gouvernement à maintenir le service de la dette.