Madagascar bascule sous régime militaire après la destitution de Rajoelina

À Antananarivo, le calme masquait ce mercredi une profonde incertitude politique. Vingt-quatre heures après la destitution d’Andry Rajoelina, une unité d’élite de l’armée, le Capsat, a pris le contrôle du pays, plaçant le colonel Michael Randrianirina à la tête de l’État. Ce dernier, devenu président de fait, a assuré que la transition durerait moins de deux ans, le temps d’organiser des élections et de réformer les institutions. Un comité composé d’officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la police supervisera cette période de transition.
La Cour constitutionnelle a validé la destitution de Rajoelina, désormais introuvable. D’après plusieurs sources, l’ancien chef de l’État aurait quitté le territoire avec l’appui de la France, affirmant vouloir « protéger sa vie ». Réélu en 2023 après un scrutin contesté, il avait lui-même accédé au pouvoir en 2009 grâce à un putsch soutenu par l’armée.
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La jeunesse malgache soutient la junte
Le mouvement de la Génération Z, fer de lance des manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité depuis fin septembre, a salué l’intervention du colonel Randrianirina. Ce soulèvement social, né des pénuries quotidiennes, s’est transformé en révolte politique contre un pouvoir jugé corrompu et déconnecté.
Sur la scène internationale, les réactions oscillent entre prudence et inquiétude. L’ONU et la SADC ont dénoncé tout « changement de pouvoir inconstitutionnel », tandis que Human Rights Watch a appelé les militaires à garantir les libertés fondamentales. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, où 80% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, l’avenir politique reste suspendu à la promesse de cette nouvelle transition.