Gel de l’USAID : quel impact pour l’Afrique ?

La décision prise par l’administration de Donald Trump de suspendre tous les programmes d’aide étrangère des États-Unis pendant 90 jours pour mieux examiner la cohérence de ces programmes avec sa politique, et de fermer l’USAID, risque de plonger le continent africain dans une situation critique.
Selon les données du gouvernement américain en 2023, les États-Unis ont accordé 71,9 milliards de dollars d’aide étrangère à 209 pays et régions, dont une grande partie par l’intermédiaire de l’USAID.
Il faut savoir que 22% de cette enveloppe a été réservé à des programmes couvrant le VIH/sida, la nutrition, la tuberculose, les pandémies et les menaces émergentes, la santé maternelle et infantile, le planning familial et la santé génésique, l’assainissement de l’eau et d’autres initiatives dans le domaine de la santé à travers le monde.
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Les actions de l’USAID sont vitales dans certaines régions du monde comme l’Afrique subsaharienne. En 2023, 17 pays ont reçu chacun plus de de 100 millions de dollars d’aide américaine. La Tanzanie sera le pays le plus impacté puisqu’il fait face à une épidémie du virus de Marburg, semblable à Ebola. La maladie s’installe brutalement et se manifeste par une fièvre élevée, de fortes céphalées et un malaise intense. Les douleurs musculaires sont courantes. Une diarrhée aqueuse profuse, des douleurs et des crampes abdominales, des nausées et des vomissements peuvent apparaître au troisième jour. Des éruptions cutanées sans démangeaisons ont été signalées chez des personnes infectées entre 2 et 7 jours après l’apparition des symptômes, a expliqué l’OMS.
La première puissance économique du continent ne sera pas, elle non plus, épargnée car 14% de la population sud-africaine est séropositive. Le gel de l’aide américaine risque de compromettre la lutte contre le VIH dans cette partie du continent.
Un impact humanitaire et sanitaire
L’USAID joue un rôle crucial dans le continent. Sous la présidence de Joe Biden, elle avait annoncé une aide humanitaire de 424 millions de dollars et la fourniture de vaccins pour lutter contre la mpox en 2024.
En Afrique francophone, avec plus de 900 millions de dollars d’aide allouée, c’est la République démocratique du Congo (RDC) qui est le premier bénéficiaire du soutien de l’USAID. Alors que l’est du pays fait face à une crise sécuritaire qui fait des milliers de déplacés, la moitié des fonds de l’Agence américaine pour le développement international est consacrée à l’aide humanitaire dans le pays. Une aide qui risque d’être compromise.
La région du Sahel, déjà fragilisée par les conflits et l’instabilité, le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont les plus exposés. En 2024, ces trois pays ont reçu plus de 827 millions de dollars sur les 1,264 milliards engagés par les États-Unis à travers l’USAID. Ces fonds ont permis de financer des programmes vitaux : distribution de vivres, soins de santé, développement agricole et soutien aux déplacés. Le gel de cette aide pourrait aggraver les défis liés à la pauvreté et à l’insécurité.
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Le Sénégal et la Côte d’Ivoire, bien que moins touchés par l’instabilité politique, risquent également de subir des conséquences. Le Sénégal a reçu 325 millions de dollars de décaissements sur 209 millions engagés, tandis que la Côte d’Ivoire a obtenu 246 millions sur 115 millions promis. Ces fonds soutenaient des projets d’infrastructures, de soutien aux PME, d’éducation et de santé. Des initiatives comme la modernisation des transports à Abidjan ou le programme d’économie bleue au Sénégal pourraient être ralenties, a rapporté Ecofin.
Le Bénin et le Togo, bien que bénéficiant d’une aide plus modeste (77 et 36 millions de dollars respectivement), dépendent également de ces financements pour des secteurs clés. En 2024, les États-Unis ont alloué 525 millions de dollars à la santé (40%), 459,7 millions à l’humanitaire (35,4%) et 366 millions aux infrastructures via le Millennium Challenge Corporation (MCC). Avec près de 940 projets en cours, la suspension de ces fonds soulève des questions sur leur poursuite et sur les acteurs capables de combler ce vide financier.