Double catastrophe

« Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou », disait Abraham Maslow, le sociologue américain connu pour la célèbre pyramide éponyme.
Pour réduire l’énorme déficit commercial des États-Unis avec le reste du monde, Donald Trump estime que le fait d’exporter dans son pays est un privilège, et qu’en contrepartie, il faut s’acquitter d’une surtaxe aux frontières.
Les effets dévastateurs des droits de douane délirants, on connaît très bien en Afrique. Dès le lendemain des indépendances, la plupart des États avaient érigé des barrières tarifaires aux frontières sous prétexte de protéger leur industrie naissante de la concurrence de pays développés. Pour diverses raisons, dont l’étroitesse du marché entre autres, cette politique a été une double catastrophe : il n’y a eu ni industrie, ni développement. Bien au contraire, ces droits de douane élevés ont créé des situations de rente pour des producteurs locaux inefficaces et fait prospérer une contrebande aux dimensions industrielles.
Par ailleurs, ces tarifs brûlants en douane, censés renflouer les caisses du Trésor, ont été une formidable aubaine pour des réseaux de corruption. Pour faire sortir leurs conteneurs du port, les transitaires préviennent les importateurs de préparer les « frais de motivation » de douaniers. Résultat, un peu partout en Afrique, il faut vraiment chercher pour trouver un douanier dont le train de vie reflète son salaire. Les quelques inspecteurs intègres – il en existe encore -, sont souvent moqués par leurs collègues quand ce n’est pas leur hiérarchie qui les met au placard, car ils deviennent forcément gênants.