Afrique du Sud : un drame humain dans une mine abandonnée

Dans le cadre de la lutte contre les mineurs clandestins, le gouvernement sud-africain avait lancé une opération baptisée «Vala Umgodi» (fermer les trous). Cette initiative a débuté à la mi-octobre. Elle vise à mettre un terme à une activité qui ronge l’industrie minière sud-africaine depuis des années. Ainsi, les autorités ont déployé des moyens considérables pour débusquer les mineurs clandestins, souvent originaires des pays voisins, qui s’aventurent dans les profondeurs de mines abandonnées ou peu surveillées.
La mine de Stilfontein est devenue le symbole de cette opération contre les mineurs clandestins. Située à environ 2.000 mètres de profondeur, elle abrite un réseau complexe de galeries s’étendant sur plusieurs kilomètres. Parfois, ils y travaillent pendant des mois sans remonter à la surface, dans des conditions extrêmement dangereuses. Depuis le 18 octobre, plus de 4.000 mineurs clandestins étaient coincés dans ce labyrinthe. Ces derniers avaient refusé de remonter à la surface de peur d’être arrêtés par les policiers qui avaient encerclé la mine. Pour les obliger à sortir, les autorités ont intensifié leurs efforts, coupant vivres et chaînes d’approvisionnement.
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Malgré la pression, de nombreux mineurs refusent de remonter, craignant d’être immédiatement arrêtés. Selon les volontaires autorisés à leur fournir un minimum de nourriture et d’eau, ces hommes, pour la plupart des migrants clandestins du Lesotho ou du Mozambique, sont à bout de forces. Ils réclament que les plus faibles soient secourus et que les corps des défunts soient remontés avant d’envisager de se rendre.
Durant cette période, la ministre déléguée à la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, avait rejeté toute idée de secours, déclarant que «les criminels ne doivent pas recevoir d’aide». Les syndicats avaient jugé ses propos «inhumains et irresponsables» avant d’appeler une régularisation de l’exploitation artisanale pour éviter de telles tragédies.
78 corps extraits en trois jours
Deux mois plus tard, la situation s’est dégradée de manière dramatique. Un tribunal sud-africain a émis, lundi, une ordonnance de sauvetage des mineurs. Suite à cette opération, les autorités sud-africaines ont annoncé la découverte de 78 corps de mineurs clandestins dans un puits d’or abandonné de Stilfontein, situé à environ 150 km au sud-ouest de Johannesburg. Les opérations de secours, qui ont duré trois jours, ont permis de sauver 216 personnes, mais les recherches se poursuivent. Pour l’heure, le bilan est provisoire, car les autorités prévoient de continuer les opérations pendant encore sept jours. Il est estimé que plus d’une centaine de corps pourraient encore se trouver dans les galeries souterraines de la mine.
La situation a été rendue publique après qu’une lettre remontée des profondeurs de la mine ait révélé la présence de 109 dépouilles. Un porte-parole des habitants du township de Khuma, Levies Pilusa, a confirmé ces informations à nos confrères de l’AFP, précisant que la réalité pourrait être encore plus tragique. Selon lui, des dizaines de corps ont été retrouvés, certains emballés dans des sacs, dans l’obscurité des galeries.
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Le ministre de la police, Senzo Mchunu, en visite à Stilfontein, a précisé que les chiffres actuels ne sont que des estimations, et que personne ne peut confirmer avec certitude le nombre exact de victimes. Une vidéo, diffusée par l’ONG Macua, montre plusieurs corps alignés dans les galeries de la mine, donnant un aperçu de la gravité de la situation.
Parmi les 216 mineurs sauvés, certains sont dans un état critique. «Ils sont très malades et déshydratés» , a déclaré Johannes Qankase, un chef de communauté. Les survivants, titubant de faiblesse, ont été emmenés à l’hôpital, et deux d’entre eux ont été placés en garde à vue pour des raisons de sécurité.
Cette tragédie en Afrique du Sud montre les difficultés d’intégration auxquelles sont confrontés de nombreux étrangers dans certains pays. Ces personnes vivent souvent dans des conditions de grande précarité, ce qui les pousse à accepter divers emplois, parfois illégaux, pour assurer leur survie.