Le M23 continue sa progression dans l’est de la RDC

Le conflit armé qui oppose la République Démocratique du Congo (RDC) et le Mouvement du 23 mars (M23) et ses alliés, semble laisser une partie indifférente. Cette attitude est presque normale quand il s’agit du continent africain. Et ce, malgré les différents rapports publiés par l’ONU et les ONG établies dans la zone qui décrivent une situation humanitaire inquiétante. Ces rapports ont aussi démontré que le M23 bénéficie de l’appui du Rwanda, même si Kigali nie les faits en servant un élément de langage connu de tous : Ceci est un problème entre Congolais. Mieux, le président Paul Kagamé a déclaré ne pas être au courant de la présence des soldats rwandais dans l’est de la RDC.
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De son côté, le M23 poursuit son offensive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), suscitant de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale, à l’instar des Nations Unies. Après avoir pris le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, fin janvier, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, dimanche dernier, le M23 se dirige désormais vers d’autres zones stratégiques des deux provinces. Cette situation alarmante a été évoquée mercredi 19 février devant le Conseil de sécurité de l’ONU, où les risques d’une escalade régionale ont été soulignés.
Le M23 avance, la communauté internationale se réunit
L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, a exprimé ses préoccupations. Il a soutenu que le M23 continue d’avancer vers d’autres zones stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. « À ce stade, nous ne connaissons pas les intentions profondes du M23 et de leur soutien, mais le risque d’un embrasement régional est plus que jamais réel. L’histoire se répète ». Ses propos font écho aux craintes d’une répétition de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), un conflit dévastateur qui avait impliqué plusieurs pays africains et causé des millions de morts.
Pour sa part, Bintou Keita, cheffe de la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), a également alerté sur la détérioration de la situation. Elle a précisé que le M23 se trouve désormais «au point de jonction des trois frontières entre la RDC, le Rwanda et le Burundi», tout en déplorant une aggravation des violations des droits humains dans les provinces concernées.
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Quant à la ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, elle a accusé le Rwanda de préparer «un carnage à ciel ouvert» et de chercher à renverser le régime congolais par la force. Elle a critiqué l’inaction du Conseil de sécurité, appelant à des sanctions individuelles contre des responsables rwandais, un embargo sur les ressources naturelles en provenance du Rwanda et l’exclusion des troupes rwandaises des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
L’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a soutenu en partie ces demandes, exhortant l’ONU à «réévaluer la capacité du Rwanda» à participer aux missions de paix si son attitude ne change pas. Elle a insisté sur la nécessité d’une réponse ferme et claire pour éviter un conflit généralisé dans la région.
Il faut souligner que les participants à la réunion du Conseil de sécurité des Nations-Unies ont échangé pendant trois tours d’horloge sans prendre aucune sanction, ni mesure.
Les États-Unis gèlent les avoirs d’un ministre rwandais
En attendant que la communauté internationale prenne des sanctions contre Kigali, le Trésor américain a pris les devants. Elle a dénoncé le rôle du ministre rwandais de la Coopération régionale, James Kabarebe et de Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, dans la déstabilisation de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). James Kabarebe, ancien général des forces armées rwandaises, est accusé d’organiser et de soutenir militairement le M23, ainsi que d’exploiter illégalement les ressources minières de la région. Quant à Lawrence Kanyuka, il est présenté comme un acteur clé de la stratégie de déstabilisation du M23 et de l’Alliance fleuve Congo.
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Les sanctions prises par le Trésor américain incluent le gel des avoirs des deux hommes et des entités qui leur sont liées, notamment deux sociétés du porte-parole du M23, basées à Londres et à Paris. Le département d’État souligne que les prises de Goma et de Bukavu par le M23, ainsi que son expansion rapide, ont entraîné des milliers de morts civiles et des déplacements massifs de population.
Ne voulant pas déclencher un conflit régional, les États-Unis appellent à un retour aux négociations et au respect de l’intégrité territoriale de la RDC. Ces mesures visent à faire pression sur les acteurs impliqués pour mettre fin à la violence et rétablir la stabilité dans la région.