Chers dinosaures

Le premier lion indomptable du Cameroun, Paul Biya, aura 92 ans le 13 février prochain, dont plus de 42 passés à la tête du pays. Malgré son âge avancé et d’évidents signes de fatigue, le chef de l’Etat camerounais n’a pas l’intention de prendre sa retraite, ni de passer son temps libre avec ses petits-enfants. Sur les réseaux sociaux, les humoristes s’en donnent à cœur joie en avançant que la première décision qu’il prendra après son élection, sera de repousser l’âge de départ à la retraite à 100 ans ! Les syndicalistes apprécieront.
Poussé par la galaxie de ses courtisans, le plus vieux chef d’Etat en exercice a annoncé ce qui était devenu un secret de polichinelle, à savoir sa candidature à la présidentielle prévue en octobre. Contrairement à ce que soutient sa machine de propagande, ce n’est ni « par amour pour le Cameroun », ni par « intérêt supérieur du pays » que Paul Biya se représente pour ce qui est, sans doute, un mandat de trop. A Yaoundé, cette candidature du « vieux » préoccupe les Camerounais, et pas que les opposants. Tous se demandent, à juste titre, si Paul Biya est encore apte à diriger le Cameroun qui affronte de nombreux défis, notamment sécuritaires et la menace que font planer les séparatistes anglophones sur le pays. Mais au-delà, c’est surtout le risque lié à l’incertitude de sa succession qui inquiète le plus.
Comme nombre de ses pairs africains, dont Yoweri Museveni en Ouganda, en poste depuis 1987, Denis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville, 37 ans au pouvoir, ou Teodoro Obiang Nguema à la tête de la Guinée équatoriale depuis 1979. En optant pour le « après moi, le déluge », tous ces dinosaures ont choisi de faire planer de gros risques de déstabilisation sur leur pays en neutralisant les mécanismes de transmission de pouvoir.
Tous jurent pourtant qu’ils aiment leur pays.