Taxe sur le mobile money : un choix aussi difficile que risqué

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Taxe sur le mobile money : un choix aussi difficile que risquéPenda Kande recharge son compte mobile money auprès d'un agent à Dakar, la capitale du Sénégal © Reuters
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Au Sénégal, l’adoption d’une taxe sur les transactions de mobile money suscite nombre de réactions. En effet, depuis le mois de septembre, cette mesure applique un prélèvement de 0,5% sur chaque opération inférieure à 2.000 FCFA. Une mesure qui alimente les craintes d’un impact négatif sur l’économie informelle et le pouvoir d’achat des citoyens.

Toutefois, le gouvernement sénégalais vante un tout autre objectif. Celui de générer jusqu’à 350 millions d’euros de recettes annuelles pour alléger sa dette publique record de 23.667 milliards de FCFA, soit 119% du PIB. Mais sur le terrain, opérateurs économiques et acteurs du numérique redoutent un coup dur pour l’économie informelle et le pouvoir d’achat des ménages.

Une taxe avant même son entrée en vigueur

Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, plus 80% des adultes possèdent un compte mobile money. Pour Joelle Sow, secrétaire générale de la coopérative Digital Senegal, alerte contre une « une baisse d’activité qui aura des répercussions sur tout le tissu économique. Les commerçants et les particuliers pourraient délaisser le numérique pour revenir au cash ».

Lire aussi: Le Sénégal digitalise la gestion de ses marchés publics avec la plateforme « Appel »

Même si les autorités souhaitent faire contribuer le secteur numérique dans l’effort fiscal national, les petits commerçants et les start-ups redoutent l’impact de cette taxe sur leur compétitivité. Dans ce contexte, Sidy Niang, cofondateur de la start-up Maad, spécialisée dans la distribution alimentaire, explique que « qu’un coût supplémentaire de 0,5% sur les produits alimentaires n’est pas anodin ». Citant l’exemple, d’un sac de sucre qui coûte 26.900 FCFA passera à 27.160 FCFA.

Ainsi, les entrepreneurs dénoncent une fiscalité étouffante et concentrée sur les acteurs formels, sachant qu’une grande partie de l’économie sénégalaise échappe toujours aux impôts. « Il y a assez de taxes au Sénégal, au lieu de taxer davantage ceux qui paient déjà, il faut élargir l’assiette fiscale pour inclure le secteur informel », insiste Sidy Niang.

Par ailleurs, l’opposition sénégalaise rappelle qu’en 2021, la Tanzanie a instauré une taxe similaire de 1% sur les transactions mobiles. Celle-ci a entraîné une chute de 38% des transferts entre particuliers. Obligeant donc le gouvernement tanzanien de réduire la taxe.

Au Sénégal, les acteurs concernés réclament une concertation nationale pour trouver une solution acceptable. Beaucoup craignent qu’en cherchant à renforcer les recettes publiques, l’État ne freine la croissance de son économie digitale.

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