Sénégal : un emprunt obligataire attire trois fois plus de fonds

Le Sénégal a suscité un vif intérêt auprès des investisseurs régionaux. Son récent emprunt obligataire, initialement fixé à 150 MM de francs CFA (FCFA), a finalement attiré une somme considérable de 405 MM FCFA. Ce résultat remarquable survient après une récente dégradation de la note souveraine du pays par des agences de notation internationales. Le Sénégal prévoit également de lever 90 MM FCFA supplémentaires à la mi-avril, via le marché des titres publics par adjudication.
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À cette occasion, le Trésor public sénégalais a clôturé son appel public à l’épargne (APE) de manière anticipée, le 10 avril. Lancée le 27 mars, cette opération visait à mobiliser 150 MM FCFA auprès des investisseurs. Contre toute attente, les souscriptions ont atteint un montant total de 405 MM FCFA en seulement deux semaines. Les titres proposés par le Sénégal offraient des rendements attractifs, variant entre 6,40% et 6,95% en fonction de leur échéance. Ces obligations seront admises à la cote de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), facilitant ainsi les transactions sur le marché secondaire et offrant une liquidité aux investisseurs institutionnels en quête de placements stables.
Les marchés locaux au secours du Sénégal
Cette forte mobilisation de capitaux intervient dans un contexte économique délicat pour le Sénégal. En effet, un audit de la Cour des comptes, publié en février, a révélé une dette publique atteignant 99,67% du PIB. De plus, le déficit budgétaire pour l’année 2023 s’est élevé à 12,3%, des chiffres largement supérieurs aux prévisions initiales. Ces révélations ont eu des répercussions sur la crédibilité du Sénégal auprès des agences de notation. Moody’s et Standard & Poor’s ont toutes deux abaissé la note souveraine du pays, signalant des perspectives économiques négatives. Cette dégradation a entraîné la suspension des décaissements du programme de soutien, de 1,8 MM d’euros, conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2023.
Le montant exact retenu par le Trésor sénégalais à l’issue de cet emprunt n’a pas encore été communiqué. Cependant, le succès de cette opération pourrait influencer favorablement les conditions des prochaines émissions de titres dans l’Union monétaire ouest africaine (UMOA). Face à sa situation financière actuelle, l’État sénégalais s’appuie de plus en plus sur les ressources des marchés domestiques.