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Sénégal : Ousmane Sonko règle ses comptes avec la France

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La rencontre tant attendue entre Ousmane Sonko et Jean-Luc Mélenchon, a porté toutes ses promesses. Le chef de fil de Pastef et le leader de la France Insoumise ont co-animé une conférence dont le thème était « échanges sur l’avenir des relations Afrique-Europe ». Cette occasion a été l’opportunité pour Ousmane Sonko de dénoncer le soutien tacite de Paris à Macky Sall malgré la répression brutale des manifestations qui ont fait des dizaines de morts, des milliers blessés et plus d’un millier de personnes emprisonnées, sous le régime de l’ancien président sénégalais.

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Depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, le 24 mars 2024, les relations entre le Sénégal et la France se sont un peu refroidi. D’habitude, il est d’usage que le président élu parte à Paris pour ses premières sorties officielles, mais tel n’est pas le cas avec ce nouveau régime. Et, les propos du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, peuvent nous permettre d’y voir plus clair. Lors de la conférence co-animée avec son hôte, l’opposant Jean-Luc Mélenchon, il n’a pas mâché ses mots contre le gouvernement français.

Dans un discours cinglant, Ousmane Sonko a fustigé le « mutisme approbateur et la complicité coupable » de Paris pendant que des dizaines de manifestants ont été tués, des milliers blessés et plus d’un millier de personnes emprisonnées sous le régime de l’ancien président Macky Sall. « Vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui se passait au Sénégal, vous n’avez jamais entendu l’Union européenne dénoncer ces violences », s’est-il interrogé devant une foule survoltée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il a dénoncé le soutien tacite accordé à Macky Sall malgré la répression brutale.

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Il a ajouté que le président Emmanuel Macron est allé jusqu’à même féliciter Macky Sall pour « avoir fait ce qu’il fallait pour sauver son pays » au plus fort des violences contre l’opposition démocratique. « C’est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais qui n’avaient comme seul crime que d’avoir un projet politique majoritaire », a déploré avec amertume le Premier ministre, en précisant qu’il se prononce en tant que chef de parti du Pastef.

Le Sénégal et d’autres pays africains ne vont pas accepter qu’on leur impose l’homosexualité

Sur la question de l’homosexualité qui est érigée en débat prioritaire au sein des opinions occidentales, corrélée à celle des nouveaux droits tels que ceux liés aux genres, cristallisent énormément de passion et d’incompréhension tant elle met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposés.

Ousmane Sonko soutient que le Sénégal est un pays fondamentalement laïc, non pas dans le sens d’un Etat athée, mais plutôt d’un Etat équidistant et respectueux de tous les cultes et d’une tolérance ethnique, religieuse universellement saluée et donnée en exemple. « Rien n’y personne ne remettra en cause ce modèle séculaire, qui précède même l’avènement de l’Etat sénégalais moderne », a-t-il déclaré face à Jean-Luc Mélenchon, même s’il a précisé respecter le mode de vie occidental. « Même si nous partageons une ossature universelle de la laïcité, chaque société l’adapte à son contexte et à ses réalités socio-culturelles », a-t-il préconisé.

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Selon lui, a laïcité sénégalaise n’est pas faite de séparation rigide de l’Etat et la religion, « mais d’une complémentarité assumée, faisant de l’Etat un acteur du fait religieux qu’il encadre et finance même, et des religieux, des régulateurs sociaux indispensables à l’apaisement et à la stabilisation de la vie politique ».

Il a rappelé que chaque Etat a ses réalités socio-culturelles et la communauté internationale doit apprendre à les « respecter ». Ousmane Sonko appelle le monde occidental à faire preuve de respect, de réciprocité et de tolérance. « Le mode de vie ne peut pas être uniforme et universel, il doit souffrir de quelques exceptions çà et là », a-t-il ajouté.
Pour clore ce chapitre, Ousmane Sonko a martelé que le Sénégal et d’autres pays africains ne peuvent pas accepter qu’on leur impose la légalisation de l’homosexualité.

« Aucun Etat digne ce nom ne doit sous-traiter sa monnaie »

Le leader de Pastef est revenu sur la question relative à la monnaie. Ousmane Sonko explique d’emblée qu’on « ne peut pas imaginer une seconde que la France puisse avoir une monnaie qui ne lui appartient pas véritablement », avant d’ajouter « qu’aucun Etat digne ce nom ne doit sous-traiter sa monnaie ». Poursuivant, il a indiqué que leur proposition est de « restituer à la monnaie ses fonctions d’écoute et de financement de l’économie par la formulation de l’offre des productions à l’exportation et à la consommation intérieure, l’appui aux politiques industrielles… ».

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Loin de s’en tenir là, le président des patriotes estime que l’option est de renforcer le marché financier national par divers leviers parmi lesquels les investisseurs français, qui acceptent de combler le déficit d’épargne, pourraient partir avec la monnaie locale. Étant donné que la remarque désolante est que les pays africains s’endettent en devises étrangères et sont exposés aux fluctuations du marché, une nouvelle politique s’impose, selon lui. « Cela doit cesser. Il nous faut une monnaie flexible et je dis ici que dans le cadre communautaire, nous nous acheminons vers cette réforme » conclut-il.