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RDC : Félix Tshisekedi dénonce une «dérive dangereuse» au sein de l’Église

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De passage à Mbuji-Mayi, son fief électoral du Kasaï-Oriental, le président congolais, Félix Tshisekedi, a dit vouloir alerter sur «une certaine dérive». Le chef de l’État congolais a, en effet, dénoncé une «dérive dangereuse» au sein de l’institution catholique. Un discours qui fait suite au réquisitoire sévère des évêques congolais contre sa gouvernance et le processus électoral qu’ils estiment «mal engagé», à six mois des élections générales en RDC.

Quelques jours plus tôt, la CENCO avait critiqué la «répression» des manifestations de l’opposition et «l’instrumentalisation de la justice».

Tshisekedi «ne reculera pas devant les menaces»

Invité ce dimanche à participer au culte pour célébrer le jubilé d’argent de l’évêque de Mbuji-Mayi, le président congolais n’a pas mâché ses mots. Selon le président congolais, l’Église catholique a pris une mauvaise direction. Et au moment où approche l’élection présidentielle, le rôle de l’institution religieuse est de jouer l’apaisement plutôt que de mettre de l’huile sur le feu.

«Une dérive que je qualifierais de dangereuse, surtout en cette année électorale, a déclaré le chef de l’État. L’Église doit être au milieu du village, au milieu des Congolais. Mais il se fait que parmi vous, il y a malheureusement quelques personnes qui ont pris une tendance dangereuse qui risquerait de diviser notre Nation. Je me sens obligé de dire que je n’accepterai jamais une telle dérive», a déploré Félix Tshisekedi.

Le président a, dans le même temps, réitéré sa détermination à raffermir ses relations avec l’Église et à l’aider davantage dans son rôle. Il a également redit sa détermination de pacifier le pays et de le garder uni. Le président congolais a appelé l’Église catholique à «prêcher l’amour, l’unité», et à «accompagner tous les fils de la République qui sont en politique de la même manière» «car il y va de la stabilité du pays».

Puis, il a mis en garde : «Je ne reculerai pas devant les menaces, les intimidations de tout genre. En revanche, je m’attaquerai sans hésitation, sans remords, à ce qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays.»

Ceci, renchérit-il, «peu importe ce qu’on en dira : violation des droits de l’homme ou privation de liberté, je n’en démordrai pas». Le chef de l’État a affirmé n’avoir aucune leçon à recevoir en matière de démocratie. «Démocrate, je le suis, démocrate, je resterai», a-t-il ajouté.

La CENCO appelle au vote utile

À l’approche des élections générales prévues en décembre, les évêques catholiques n’ont pas caché leurs inquiétudes. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) estime que «le processus électoral est mal engagé» en raison de la persistance de l’insécurité et des tensions politiques. C’est en substance la conclusion de sa 60ème Assemblée générale tenue à Lubumbashi, dans le Sud-Est du pays.

Les évêques déplorent l’absence d’un cadre de concertation tripartite et le manque de consensus sur le processus en cours. «La problématique des centres d’inscription des électeurs qui n’ont pas été retrouvés sur le terrain, la question du matériel électoral détenu par des personnes non qualifiées, la situation de l’exhaustivité des données des centres d’inscription ayant connu des dysfonctionnements», déplorent-ils.

La CENCO dénonce aussi «un recul déplorable, caractérisé par la répression violente des manifestations de l’opposition, la restriction des mouvements des opposants». Elle dénonce également «des tentatives de projets de loi discriminatoires, l’instrumentalisation de la justice et les arrestations arbitraires». Elle exhorte la centrale électorale à plus de transparence dans les opérations de vote et de dépouillement par le respect des dispositions légales. Autrement, elle menace «de ne pas accompagner le processus électoral en cours».

Dans son message, la CENCO appelle les Congolais à la vigilance et au vote utile. «Les élections nous donnent le pouvoir de renouveler la confiance aux animateurs des Institutions qui ont bien servi le pays, mais aussi de sanctionner tous ceux qui ont mal géré en servant leurs propres intérêts. Face aux nouveaux candidats, privilégions les critères objectifs de compétence et de probité morale», dit-elle.

Le quinquennat de Félix Tshisekedi s’achèvera-t-il comme il a commencé, dans un climat de vive défiance entre le président et une partie des représentants de l’Église catholique ?