Mali : la chaîne française TV5 Monde à nouveau suspendue

Les autorités maliennes ont décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la diffusion de la chaîne de télévision française TV5 Monde, accusée de manque d’impartialité dans un reportage sur une manifestation de l’opposition. Cette décision, émise par la Haute Autorité de la Communication (HAC), marque une nouvelle restriction à la liberté de la presse dans un pays déjà confronté à une série d’atteintes aux droits fondamentaux.
Le reportage en cause, diffusé le 3 mai dans le journal Afrique de la chaîne, couvrait une manifestation à Bamako contre une possible dissolution des partis politiques. Ce rassemblement, rare depuis l’installation de la junte militaire au pouvoir, avait réuni plusieurs centaines de personnes. La junte a confirmé quelques jours plus tard la dissolution officielle des partis, par décret présidentiel.
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La HAC reproche à TV5 Monde d’avoir donné exclusivement la parole aux opposants politiques et d’avoir proféré des « propos diffamatoires » à l’encontre des forces de l’ordre. La chaîne avait déjà été suspendue pour trois mois en 2024, tout comme d’autres médias internationaux. France 24, RFI, France 2 ou encore LCI ont également été concernés par des suspensions temporaires ou permanentes.
Cette nouvelle mesure s’inscrit dans un contexte de répression croissante contre les médias étrangers. De nombreux journalistes ont dû quitter le pays ou réduire leurs activités, face aux pressions et aux interdictions.
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La directrice éditoriale de Reporters sans frontières (RSF), Anne Bocandé, a fermement condamné cette décision, qualifiant la suspension d’ « abusive » et dénonçant un « énième acte d’intimidation ». Elle appelle à la réintégration immédiate de la chaîne, estimant que cette sanction constitue un « nouveau coup de massue » contre le droit d’accès à une information plurielle.
TV5 Monde, chaîne francophone à vocation culturelle et membre de l’Organisation internationale de la Francophonie, devient ainsi la dernière victime d’un climat médiatique de plus en plus étouffant au Mali.