Madagascar : la capitale en ébullition avant l’allocution présidentielle

À Antananarivo, les manifestations contre le président malgache Andry Rajoelina se poursuivent, soutenues par une partie de l’armée. L’annonce d’une allocution du chef de l’État ce lundi soir ravive les espoirs de démission parmi les milliers de manifestants rassemblés depuis le week-end.
Une mobilisation inédite soutenue par l’armée
Depuis le ralliement de certaines unités militaires samedi, les habitants d’Antananarivo défilent librement pour exprimer leur colère contre le président Rajoelina. Une unité, le Capsat, impliquée dans le coup d’État de 2009, a appelé les forces de sécurité à ne pas tirer sur les manifestants et a rejoint le cortège dans le centre-ville.
« C’est tout bizarre, vu qu’on était habitués à toujours être pourchassés et bombardés par des gaz lacrymogènes », confie Finaritra Manitra Andrianamelasoa, étudiant en droit de 24 ans, parmi les manifestants réunis sur la place du 13-mai, devant l’hôtel de ville, dans une ambiance festive.
Le cortège a grossi au fil de sa progression vers ce lieu symbolique, rappelant le soulèvement populaire de 1972 qui avait conduit au départ du premier président malgache.
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Entre attentes et incertitudes
Le président Rajoelina doit s’adresser à la nation ce lundi à 17h00 (GMT+1), selon un communiqué officiel. La localisation exacte du chef de l’État reste toutefois inconnue. Élu en 2018 puis réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, il fait face à des rumeurs de fuite. Ses services assurent cependant qu’il est resté sur l’île pour gérer les affaires courantes.
« Nous attendons déjà qu’il s’excuse pour les blessés, puis sa démission », affirme Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, 19 ans. « Plus de dinosaures politiques, s’il vous plaît », renchérit Rotsinasandratra Lucas Hantamalala, étudiante de 20 ans.
Une contestation qui s’amplifie
Le mouvement de contestation, né le 25 septembre autour des coupures d’eau et d’électricité, s’est élargi pour réclamer le départ de Rajoelina et de son entourage. Ce week-end, le président du Sénat, Richard Ravalomanana, a été contraint de démissionner. Maminiaina Ravatomanga, proche de Rajoelina, a quitté Madagascar pour l’île Maurice.
Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées, selon les Nations unies. Le président Rajoelina conteste ces chiffres, évoquant 12 morts, qu’il décrit comme des « pilleurs » et « casseurs ».
Madagascar, où plus de 80% des 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, connaît une longue histoire de soulèvements populaires suivis de gouvernements militaires, dans un contexte de pauvreté extrême.