Londres renonce à financer le méga-projet gazier de TotalEnergies au Mozambique
Le Royaume-Uni a décidé de se retirer du dispositif financier qu’il avait prévu pour appuyer l’ambitieux développement gazier piloté par TotalEnergies dans le nord du Mozambique. L’enveloppe, qui pouvait atteindre 1,15 milliard de dollars, ne sera finalement pas mobilisée, Londres estimant que les conditions ne garantissent plus les intérêts britanniques. Le ministre du Commerce, Peter Kyle, a indiqué devant les députés que les menaces entourant le projet se sont nettement renforcées depuis 2020.
Un chantier stratégique plombé par l’instabilité
Arrêtée en 2021 après l’attaque meurtrière menée par un groupe terroriste à Palma, l’initiative gazière demeure au centre de plusieurs contentieux. TotalEnergies, qui détient plus d’un quart du capital, est visé par deux procédures judiciaires liées à la sécurité de ses sous-traitants et au déroulement des opérations dans la région du Cabo Delgado, théâtre d’une insurrection affiliée à l’organisation État islamique et responsable de plus de 6.300 morts depuis 2017.
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Le géant français, qui ambitionne de redémarrer l’exploitation en 2029, demande à Maputo des compensations financières estimées à 4,5 milliards de dollars pour les dépassements engendrés par la mise à l’arrêt, ainsi qu’une prolongation de la concession. Parallèlement, une information judiciaire pour homicide involontaire est ouverte en France, tandis que l’ONG ECCHR accuse le groupe de complicité de crimes de guerre.
Malgré ces tensions, les méga-projets de TotalEnergies, ENI et ExxonMobil pourraient placer le Mozambique parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz d’ici à 2040, selon une analyse de Deloitte.