Législatives au Burundi : le parti au pouvoir remporte 100% des sièges

Le Burundi vient de connaître un tournant électoral sans surprise, mais lourd de contestations. Les résultats provisoires des législatives du 5 juin, annoncés le 11 juin à Bujumbura par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), confirment une domination écrasante du CNDD-FDD. Le parti au pouvoir y récolte plus de 96% des suffrages exprimés, balayant littéralement toute forme d’opposition parlementaire.
Malgré la participation de 20 autres partis et coalitions, aucun ne franchit le seuil de 2% requis pour entrer à l’Assemblée. Seul l’ex-parti unique Uprona dépasse ce cap symbolique, atteignant 1,3%, insuffisant pour obtenir un siège. Son secrétaire général, Olivier Nkurunziza, a rejeté les résultats, parlant de chiffres « délirants » et d’un processus « manipulé ». Une ligne de défense partagée par d’autres formations qui, dès le jour du vote, évoquaient de graves anomalies et accusaient le régime de vouloir imposer un système à parti unique.
Avec un score aussi massif, le CNDD-FDD s’assure la totalité des 100 sièges ouverts à l’élection directe. Cependant, conformément aux exigences constitutionnelles liées à la représentativité ethnique, l’Assemblée comptera finalement 111 députés. Huit Hutus et trois Twas ont été désignés pour respecter les équilibres : 60% Hutus, 40% Tutsis et 3% Twas.
Si la Céni ouvre la voie à des recours juridiques jusqu’au 24 juin devant la Cour constitutionnelle, les opposants se montrent sceptiques, dénonçant une instance inféodée au pouvoir. Cette nouvelle configuration parlementaire renforce encore l’emprise politique du président Évariste Ndayishimiye, dans un climat où la pluralité politique semble toujours plus menacée.