Leçon vaticane

Comme un peu partout dans le monde, le conclave qui s’est tenu cette semaine au Vatican pour élire un nouveau pape, a été très suivi en Afrique. Avec l’Amérique latine, le continent est, en effet, le plus important foyer des catholiques. Mais quelle que soit leur confession, de très nombreux Africains ont surtout relevé la régularité qui a caractérisé ce processus électoral. Bref, tout ce qu’ils voudraient voir déployer chez eux à l’occasion de l’élection de celle ou celui qui présidera à la destinée de leur pays. Que c’est étrange que ce soit le Vatican, un État gouverné par un monarque absolu, mais élu à la régulière, qui fasse la leçon à l’Afrique !
Bien souvent, le scrutin présidentiel dans les pays africains tourne à la farce. Et ce n’est pas exagéré de l’affirmer. Le pouvoir en place s’organise pour rester toujours en place, comme dirait un humoriste nigérien. La recette, on la connaît, et elle est plutôt riche et variée. Les chefs d’État cherchent à établir le casting de la présidentielle en faisant condamner leurs concurrents les plus menaçants par une justice aux ordres. On l’a bien vu au Sénégal à la fin de l’ère Macky Sall, en Ouganda où l’opposant historique de Yoweri Museveni (qui fut également son médecin personnel) est systématiquement envoyé en prison à l’approche de chaque scrutin présidentiel.
Plus étonnant, ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire. Les leaders de deux principaux partis du pays sont disqualifiés pour la prochaine présidentielle. Il se raconte que beaucoup de ses pairs africains avaient reproché à Laurent Gbagbo, ancien chef de l’État ivoirien, d’avoir organisé une élection transparente en 2010 ! En gros, c’est de sa faute s’il avait perdu.