Le Niger veut nationaliser la production de l’uranium

Alors qu’Orano a engagé un deuxième arbitrage contre le Niger, de leur côté, les autorités accélèrent la phase de nationale de l’exploitation de l’uranium. Elles ont pris la décision de transformer l’autorisation d’exploitation minière semi-mécanisée détenue par la Compagnie minière de recherche et d’exploitation (COMIREX SA) en un permis pour petite exploitation minière.
Cette mesure, intervenue à l’issue du Conseil des ministres, s’inscrit dans les efforts menés par les militaires au pouvoir à Niamey pour exercer une « souveraineté pleine et entière » sur les ressources naturelles du pays. En effet, La Comirex est une société de droit nigérien contrôlée à 60% par des nationaux. L’État y détient une participation de 40%.
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La compagnie COMIREX ambitionne de produire 300 tonnes d’uranium métal par an sur cinq ans, avec une possible extension. L’exploitation devrait générer 94 emplois pour les nationaux et rapporter 3,63 milliards FCFA (5,82 millions de dollars) en redevance minière, ainsi que 114 millions FCFA (183.000 de dollars) en redevance superficiaire.
Conformément à la réglementation sur le contenu local adoptée en 2024, COMIREX doit privilégier les entreprises locales pour l’acquisition de biens et services nécessaires à ses activités. Elle contribuera également au financement de la formation continue du personnel du ministère des Mines et à la construction d’infrastructures collectives dans la commune rurale de Dannet, située dans le département d’Arlit, région d’Agadez.
Réduction de l’influence française dans le secteur de l’uranium
Avant d’accorder ce permis à COMIREX, le gouvernement nigérien avait déjà renforcé son contrôle sur l’exploitation de l’uranium. Il a notamment pris le « contrôle opérationnel » de la filiale locale du groupe français Orano, exploitant de la seule mine en activité (Somaïr), tout en bloquant ses exportations en 2024 avant de l’évincer. En réponse, Orano a saisi en janvier 2025 le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.
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Le Niger a également retiré à Orano son permis d’exploitation pour le projet Imouraren et a pris des mesures similaires contre la société canadienne GoviEx sur le projet d’uranium Madaouela. Toutefois, GoviEx a récemment annoncé la reprise des négociations avec Niamey, ce qui suspend la procédure d’arbitrage en cours.
Malgré cette volonté d’impliquer davantage les acteurs nationaux, les entreprises étrangères conservent une influence majeure sur le secteur. Le canadien global atomic construit une mine à Dasa, avec une production prévue de 309.000 tonnes sur 23 ans. De son côté, la China Nuclear international uranium corporation prévoit de relancer l’exploitation d’uranium à Azelik (Somina) après une décennie d’arrêt, tandis que des intérêts russes et turcs se positionnent également sur l’uranium nigérien.