La dette malienne compromet l’avenir du complexe hydroélectrique de Manantali

Le complexe hydroélectrique de Manantali, symbole de la coopération énergétique entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, traverse une période critique. Celle-ci est due à une dette de plus de 94 millions de dollars contractée par le Mali auprès de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM), l’organisme chargé de l’exploitation de cette infrastructure régionale stratégique.
Dans une lettre adressée à Énergie du Mali (EDM), datée du 25 avril, le directeur général de la SOGEM, Mohamed Mahmoud Sid’Elemine, a tiré la sonnette d’alarme. « C’est désormais une question de vie ou de mort pour nos installations et pour la SOGEM », a-t-il déclaré, relayé par l’agence Reuters. Ce cri d’alerte intervient alors que le Mali fait face à une grave crise énergétique, marquée par des coupures de courant pouvant durer jusqu’à 18 heures par jour.
Le Mali s’explique
Selon Abdoulaye Djibril Diallo, directeur général d’EDM, cette situation est le résultat de plusieurs années de sous-investissement, conjuguées à une demande croissante en électricité et à l’augmentation des prix des hydrocarbures. La part de l’énergie thermique, plus coûteuse, a ainsi explosé dans le mix énergétique malien, passant de 17% à 70% en deux décennies.
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Dans ce contexte tendu, Manantali reste l’un des rares pôles d’énergie à coût abordable pour le Mali. Sa mise en péril pourrait donc avoir des conséquences dramatiques, non seulement pour le pays lui-même, mais aussi pour ses voisins interconnectés. Le Sénégal et la Mauritanie, qui dépendent, eux aussi, de cette source d’énergie, risqueraient de subir des perturbations en cascade.
Au-delà de l’aspect technique et financier, c’est tout l’édifice de coopération régionale qui vacille. La défaillance du Mali menace l’équilibre d’un projet fondé sur la solidarité entre États. Dans une sous-région déjà marquée par des tensions politiques et des transitions fragiles, la pérennité de Manantali est devenue un enjeu stratégique de stabilité énergétique et diplomatique.