Ghana : la présidente de la Cour suprême destituée

La présidence ghanéenne a annoncé la destitution de la présidente de la Cour suprême, Gertrude Araba Esaaba Torkornoo. Il s’agit d’une décision inédite dans l’histoire de la IVᵉ République. Elle fait suite à une enquête ouverte après la plainte d’un citoyen accusant la magistrate de partialité dans ses jugements et de détournement de fonds publics.
Dans un communiqué officiel, le chef de l’État, John Dramani Mahama, a justifié cette décision « conformément à la Constitution », soulignant que le rapport du comité d’enquête avait mis en évidence des « motifs de mauvaise conduite » jugés fondés. Suspendue dès le lancement de la procédure, en mars, la magistrate avait vigoureusement rejeté ces accusations, dénonçant une enquête « entachée d’irrégularités » et contraire aux principes de justice.
Une décision aux fortes répercussions politiques
Nommée en juin 2023 par l’ancien président Nana Akufo-Addo, Gertrude Araba Esaaba Torkornoo bénéficiait du soutien de son camp politique, le Nouveau Parti patriotique (NPP), aujourd’hui dans l’opposition. En mai, ses partisans avaient manifesté pour dénoncer ce qu’ils percevaient comme une instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place.
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Du côté de la présidence, la décision est présentée comme une victoire institutionnelle. Le porte-parole, Felix Kwakye Ofosu, a affirmé sur les ondes de JoyNews qu’« aucune interférence » de l’exécutif n’avait entaché la procédure, tout en insistant sur le principe d’égalité de tous devant la loi.
Cet épisode met en lumière la tension croissante entre majorité et opposition au Ghana, à un an de l’échéance électorale. Tandis que le pouvoir salue un renforcement de l’État de droit, l’opposition y voit une manœuvre destinée à affaiblir ses figures institutionnelles. Quoi qu’il en soit, la destitution de la plus haute magistrate du pays constitue un tournant inédit pour le système judiciaire ghanéen et pourrait durablement peser sur la perception de son indépendance.