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Gabon : le nouveau pouvoir offre une porte de sortie à Ali Bongo

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Le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, est «libre de ses mouvements» et «peut se rendre, s’il le souhaite, à l’étranger», a annoncé à l’antenne de la télévision d’État le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi en lisant un communiqué «signé» par le général Oligui, qui dirige désormais la transition.

«Compte tenu de son état de santé, l’ancien président de la République Ali Bongo Ondimba est libre de ses mouvements. Il peut, s’il le souhaite, se rendre à l’étranger afin d’y effectuer ses contrôles médicaux», poursuit le communiqué.

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Ali Bongo a été montré quelques minutes plus tard par la télévision publique recevant à son domicile Abdou Abarry, représentant spécial en Afrique centrale du secrétaire général de l’ONU. On le voit souriant et se déplaçant toujours difficilement depuis son AVC, mais sans sa canne habituelle.

Le président en résidence surveillée depuis le 30 août a reçu mercredi la visite du président centrafricain Faustin Archange Touadéra, désigné facilitateur par la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). La décision de libérer Ali Bongo intervient donc après le passage du médiateur désigné par la Communauté. Sur place, le président Touadéra a pu s’enquérir de l’état de santé du dirigeant évincé, un des points principaux de sa mission.

Ce mardi, en évoquant la possibilité d’un exil d’Ali Bongo, le président centrafricain et le général Nguema ont pensé au Maroc. En effet, les liens très serrés existant depuis des années entre le Gabonais et le roi du Maroc ne sont inconnus de personne.

«Rendez les fonds que vous avez détournés» !

Le pouvoir du général Oligui, proclamé président de transition, accuse surtout l’entourage familial, notamment son épouse et l’un de ses fils tous deux en détention, ainsi que des membres de son cabinet.

Noureddin Bongo et six autres membres dits de la «Jeune garde» du palais présidentiel, sont détenus pour notamment «haute trahison, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants». Ils sont, de plus, accusés d’avoir dirigé le pays de «manière irresponsable et imprévisible» en manipulant un Ali Bongo affaibli par un grave AVC en 2018.

Le général Oligui Nguema, président de la transition du Gabon, a, de plus, lancé, mardi 5 septembre, une mise en garde aux directeurs généraux des administrations et entreprises publiques. Face à ces hauts commis de l’État, régulièrement pointés du doigt et soupçonnés de détournement de deniers publics, Brice Oligui Nguema a demandé de faire acte de bonne foi en prenant l’initiative par eux-mêmes de restituer l’argent qu’ils auraient détourné.

«Chaque directeur général qui se trouve dans cette pièce qui sait qu’il a fricoté avec les enfants là (ndlr : Noureddin Bongo et son clan) ou alors qu’il a pris plus que de raison doit venir rendre l’argent et s’expliquer sous 48 heures» a-t-il martelé. Et d’insister : «Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence.» La Douane, la Direction Générale des Impôts (DGI) et la société pétrolière sont dans le collimateur.

Libération «symbolique» de prisonniers politiques

Par ailleurs, le leader de la coalition des syndicats des fonctionnaires, Dynamique unitaire (DU), Jean-Rémy Yama, a été libéré, hier, mardi 5 septembre, en fin de matinée, sur ordre du président de la transition. «Je vais d’abord me battre pour être réhabilité par rapport à toute l’injustice que j’ai connue et me rendre disponible, bien entendu, puisqu’aujourd’hui, on ne peut plus parler d’opposition, on ne peut plus parler de majorité. Aujourd’hui, il y a des hommes et des femmes qui ont décidé de reconstruire leur pays», a déclaré Jean-Rémy Yama.

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S’il convient que sa libération est «symbolique», il estime qu’elle va plus loin qu’un «effet d’annonce». Selon lui, la transition est une «remise à zéro» : «Nous avons toujours défendu les mêmes principes, les principes de liberté, les principes d’égalité, les principes de justice. Et ces principes ne changent pas. Donc, nous allons continuer à les défendre. Et c’est ce que les autorités, les nouvelles autorités ont promis aussi aux Gabonais».

Yama, qui était en prison depuis février 2022 poursuivi pour détournement et abus de confiance, espère que les promesses de la transition en matière sociale, sur les retraites notamment, seront tenues. Deux autres personnalités ont été libérées ce mardi, l’ancien maire de Libreville, Léandre Nzué, et l’ancien directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAM-GS), Renaud Allogho Akoué.