Double risque

Contrairement aux postures diplomatiques, les bombardements des installations nucléaires iraniennes dans la nuit de jeudi 12 juin par Israël, font quelques heureux, notamment les pays du Golfe. Car ce sont surtout les monarchies de la région qui étaient menacées, et le sont encore peut-être, par une bombe que détiendraient les ayatollahs à Téhéran, car l’Etat hébreux dispose de sa propre dissuasion nucléaire. De Ryad à Abu Dhabi en passant par Koweït-City, les autorités ont dû boire du petit lait, car Israël a fait le « TAF » dont elles ont toujours secrètement rêvé.
Ce qui est certain, c’est qu’aucun Marocain ne va pleurer sur le sort du régime iranien dont on connaît les accointances avec les séparatistes du Polisario et l’hostilité envers l’intégrité territoriale du Royaume. En Afrique sub-saharienne, les gouvernements vont devoir gérer les conséquences de cette montée des tensions au Proche-Orient. Dans les pays importateurs du pétrole de la sous-région, la flambée du baril risque de décimer les (faibles) marges de manœuvre budgétaires dont disposent les gouvernements. A l’ouverture des marchés ce vendredi 13 juin, le Brent (le brut extrait de la mer du Nord) a bondi de 7,9% à 74,82 dollars, tandis que le brut américain qui sert de référence aux marchés, s’envolait de 8,3% à 73,67 dollars. Et ce n’est que le début, préviennent les analystes.
L’autre danger réside dans l’inflation importée. Si cette crise perdure, la contagion s’étendra à la plupart des produits et services du quotidien, comme le transport et les céréales. Le panier de la ménagère pourrait alors s’embraser avec le risque de chauffer la rue.