Croissance africaine : les principales puissances aux abois ?

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Production pétrolière : le Nigeria détrôné par l’Angola et la LibyePhoto d'illustration © DR

La croissance africaine, prévue à 3,2% en 2023, reste fragile en raison notamment des défis économiques majeurs au Nigéria, en Afrique du Sud et en Égypte. Malgré des mesures économiques au Nigéria, la fragilité persiste avec une inflation prévue à 30%, tandis que l’Égypte recherche un soutien financier face à des défis tels que la baisse du tourisme. L’Afrique du Sud, elle, doit composer avec l’inflation, un déficit budgétaire et un taux de chômage élevé.

La croissance africaine s’établira à 3,2% en 2023, et atteindrait 3,8% en 2024 selon le FMI. Toutefois, la reprise, longtemps attendue, demeure fragile et incertaine. Il faut dire que les trois premières puissances du continent que sont le Nigéria (2,9%), l’Afrique du Sud (0,5%) et l’Égypte (4,2%) traversent en même temps une période difficile, ce qui pèse sur la performance globale.

Le Nigéria en pleine réforme

Malgré la récente hausse des prix du pétrole en 2021 et 2022, le Nigéria, la première économie africaine demeure fragile. Les facteurs tels que la production pétrolière insuffisante, un taux de change artificiellement surévalué et des subventions énergétiques en plein essor contribuent à cette fragilité. Le président Bola Tinubu, en poste depuis mai, a rapidement mis en œuvre des mesures économiques, assouplissant le système de change et mettant fin aux subventions énergétiques. Cependant, ces actions ont alimenté l’inflation, prévue pour approcher les 30% en fin d’année. De plus, un écart s’est établi entre les taux de change officiel et parallèle. Alors que la suppression des subventions vise des gains budgétaires significatifs, les chocs inflationnistes et la hausse des coûts de financement de la dette posent des défis aux finances publiques. Maintenir le cap sera crucial pour restaurer la confiance des investisseurs.

L’Égypte doit également composer avec de nombreux défis

Reconnaissant les difficultés économiques liées à la baisse du tourisme et à l’augmentation des prix de l’énergie due au conflit entre le Hamas et Israël, le FMI a évoqué une expansion de son soutien financier. L’aide actuelle de 3 milliards de dollars, en plus des plans antérieurs en 2016 et 2020, pourrait passer à 5 milliards de dollars. Des organisations multilatérales comme la Banque mondiale, la BERD et la Banque islamique de développement pourraient adopter des mesures similaires ou des prolongations de maturité. Cependant, l’enthousiasme des investisseurs privés pourrait rester modéré compte tenu des tensions géopolitiques. Bien que l’Égypte ait introduit des réformes législatives et des zones franches, leur impact économique immédiat reste limité. Malgré une récente baisse du déficit courant, les défis persistants incluent l’inflation et les tensions sociales. Le gouvernement vient d’abaisser sa prévision de croissance de 0,7 point à 3,5% en 2023.

Une situation économique compliquée en Afrique du sud

De son côté, l’Afrique du Sud fait face à une récente hausse de l’inflation globale à 5,9%, tirée par les coûts alimentaires et de transport. Ce qui a incité la South African Reserve Bank à maintenir les taux d’intérêt à 8,25%. Les préoccupations économiques incluent un déficit budgétaire projeté de 4,9% du PIB en 2023, un ratio de dette publique dépassant déjà 70%, et une forte dépendance à l’exportation de matières premières, exposant le pays aux fluctuations des prix mondiaux. Le taux de chômage, à 32,6%, demeure une préoccupation majeure, impactant la demande intérieure. Les récentes annonces de suppressions d’emplois par la South African Post Office et ArcelorMittal soulignent davantage les difficultés économiques.

Dans ce contexte complexe, la croissance africaine semble naviguer entre espoir et préoccupations. Les défis économiques persistants des trois principales puissances mettent en lumière la fragilité de la reprise. La mise en œuvre de mesures économiques et les ajustements nécessaires s’avèrent cruciaux pour maintenir le cap et restaurer la confiance des investisseurs dans un paysage économique en constante évolution.

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