Conflit dans l’est de la RDC : Joseph Kabila charge Felix Tshisekedi

C’est à travers une tribune publiée dans un journal sud-africain, ce dimanche, que l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, s’est prononcé sur la situation de son pays. Ce dernier a vivement critiqué la gestion de son successeur, Félix Tshisekedi. Selon lui, la crise actuelle qui secoue le pays résulte principalement de violations répétées de la Constitution et d’une gouvernance autoritaire qui menace la stabilité nationale.
Joseph Kabila accuse notamment le président en exercice d’avoir brisé le « pacte républicain ». « Ce pacte, issu du dialogue inter-congolais de Sun City, a abouti à une Constitution adoptée par référendum populaire en 2006 » et qui est toujours en vigueur. Il pointe du doigt les élections de décembre 2023, qu’il qualifie de « simulacre », affirmant qu’elles ont été manipulées pour réduire le poids de l’opposition et renforcer la mainmise du chef de l’État, en faisant de lui le « maître absolu du pays ».
Un recul démocratique
L’ancien président dénonce également un climat politique marqué par des « intimidations, arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires », ainsi qu’un exil forcé de plusieurs figures politiques, journalistes et leaders d’opinion. Il considère ces méthodes comme « un grave recul démocratique », d’autant plus inquiétant qu’Etienne Tshisekedi a annoncé son intention de modifier la Constitution, une démarche qui pourrait affaiblir encore davantage les institutions et les équilibres démocratiques.
Alors que l’attention internationale est focalisée sur la rébellion du M23 et les tensions entre Kinshasa et Kigali, Joseph Kabila met en garde contre une vision trop simpliste de la crise en RDC. Il estime que ces troubles trouvent leurs racines dans une crise politique et institutionnelle bien plus profonde, et qu’il est impératif d’adopter une approche globale pour y remédier.
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Pour lui, la stratégie du gouvernement actuel, qui consiste à concentrer ses efforts militaires sur le M23, ne résoudra pas durablement la situation. Il plaide pour une prise en compte de l’ensemble des groupes armés nationaux et étrangers présents en RDC, ainsi que des facteurs internes alimentant les conflits. Kabila souligne que la répression de l’opposition et la mauvaise gouvernance ont amplifié le chaos. Il estime que renforcer la démocratie et rétablir l’État de droit sont des étapes essentielles pour ramener la paix.
Sans une remise en cause du régime en place et de ses pratiques, les conflits persisteront malgré une éventuelle victoire militaire contre le M23. L’ancien président critique également l’envoi de troupes étrangères en RDC, estimant que cela revient à soutenir une dictature plutôt qu’à résoudre les véritables causes de l’instabilité. Selon lui, seule une réforme profonde du système politique congolais permettra d’apporter une solution durable aux crises sécuritaires et humanitaires qui secouent le pays.
L’ancien met en garde contre le risque de guerre civile
Joseph Kabila met également en garde contre une possible implosion du pays si la situation actuelle perdure. Il considère que la gestion actuelle du pays, caractérisée par la répression et la concentration du pouvoir, risque d’entraîner la RDC vers un conflit encore plus grave. Il avertit que si les revendications du peuple congolais continuent d’être ignorées, une escalade de la violence pourrait être inévitable, avec un risque réel de guerre civile.
Les récents développements dans l’est du pays, où les combattants du M23 gagnent du terrain, ne sont pour Joseph Kabila qu’un symptôme d’un problème plus profond. Il estime que la crise ne pourra être résolue uniquement par des moyens militaires et que la priorité devrait être accordée à la restauration de la démocratie et au respect des droits fondamentaux.
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Alors que la communauté internationale s’inquiète de l’extension du conflit au-delà des frontières congolaises, Joseph Kabila insiste sur la nécessité d’un changement de gouvernance. Pour lui, tant que les pratiques actuelles persistent, la RDC restera dans un état de fragilité extrême, exposée à de nouvelles vagues d’instabilité et de violence.
Pour rappel, le M23 affirme lutter pour protéger les droits de la minorité Tutsi de RDC, a repris les combats en 2021, deux ans après l’arrivée au pouvoir d’Etienne Tshisekedi. L’Afrique du Sud compte plus de mille soldats en RDC dans le cadre d’une mission de stabilisation, dont quatorze ont été tués dans les combats en janvier.
Face à cette situation alarmante, il appelle à un dialogue inclusif et à des réformes institutionnelles profondes pour redonner au pays une trajectoire stable. Il exhorte également les acteurs régionaux et internationaux à ne pas se contenter de solutions militaires, mais à promouvoir des changements politiques concrets afin d’assurer une paix durable en RDC.