Conflit dans l’est de la RDC : Félix Tshisekedi et Paul Kagame se sont entretenus au Qatar

C’est un début de semaine marqué par plusieurs rebondissements. D’abord, lundi, une rencontre des ministres des Affaires étrangères des régions d’Afrique de l’Est (EAC) et d’Afrique australe (SADC) a été initiée. L’objectif était de présenter une «feuille de route complète» pour trouver une solution. Des stratégies à court, moyen et long terme ont été mises en avant à Harare, au Zimbabwe.
Toujours dans la même journée, le Mouvement du 23 mars (M23) annonce qu’il ne participera pas à la rencontre prévue à Luanda, alors que la présidence angolaise avait confirmé la présence de la délégation de Kinshasa sur place. Le M23 avait demandé des garanties sur le plan sécuritaire pour prendre part à ces négociations initiées par le président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné du conflit dans l’Est de la RDC.
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L’échec de ces négociations est souvent attribué au fait que leurs initiateurs sont accusés de favoriser un camp plutôt que l’autre.
C’est dans ce contexte de méfiance que le Qatar a réussi à réunir les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame. C’est la première fois depuis l’escalade des violences dans l’Est de la RDC et la chute de Goma et Bukavu aux mains du M23 que les deux chefs d’État se rencontrent. Invités par l’émir du Qatar à Doha, ils ont mis de côté leurs profondes inimitiés pour discuter d’une sortie de crise, a indiqué un communiqué. Le Rwanda est accusé par plusieurs rapports de l’ONU et d’organisations internationales de soutenir le groupe armé du M23.
Une rencontre qui n’a rien d’un hasard
Sous la médiation de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, cette rencontre vise d’abord à rétablir la confiance entre les deux dirigeants. Doha a l’avantage d’entretenir de bonnes relations aussi bien avec Kinshasa qu’avec Kigali.
Cette médiation ne doit rien au hasard. Le Qatar avait déjà posé les jalons depuis quelque temps en établissant des contacts de part et d’autre. En janvier, l’émir du Qatar avait directement évoqué l’idée avec Félix Tshisekedi. Un mois plus tard, il en discutait également avec Paul Kagame lors d’un tête-à-tête, rapporte RFI.
Selon le communiqué du ministère qatari des Affaires étrangères, les deux chefs d’État «réaffirment l’engagement de toutes les parties en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel», en accord avec les accords de Dar es-Salaam du 8 février dernier. Ils ont également convenu de poursuivre les discussions pour poser les bases d’une paix durable dans le cadre du processus de Luanda/Nairobi.
Vers un cessez-le-feu
Lors du sommet du 8 février à Dar es-Salaam, réunissant les chefs d’État de l’EAC et de la SADC, un cessez-le-feu avait été décidé, mais il n’a jamais été respecté. Une semaine plus tard, la ville de Bukavu était passée sous le contrôle de l’AFC/M23.
De son côté, la présidence congolaise, par la voix de sa porte-parole Tina Salama, affirme que les deux chefs d’État ont convenu d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Pour Kinshasa, c’est une avancée importante, une première étape vers une paix durable dans l’Est de la RDC.
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Pour rappel, déjà en décembre 2024, une tentative de médiation pour réunir Paul Kagame et Félix Tshisekedi lors d’un sommet à Luanda avait échoué après le désistement du président rwandais. D’autres efforts ont également échoué comme en janvier 2023, où une rencontre prévue au Qatar fut annulée à la dernière minute par Kinshasa, à la grande surprise de Doha.
Plus récemment, en octobre 2024, Emmanuel Macron n’a pas réussi à les réunir en marge du 19e sommet de la Francophonie, le président congolais était parti précipitamment, mécontent de l’absence du conflit congolais dans le discours inaugural du président français. Ces échecs successifs illustrent les tensions persistantes entre les deux pays.