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BAD : les principales perspectives économiques en Afrique

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La croissance économique en Afrique devrait se consolider à 4% en 2023. Tel est le constat établi par la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2023, publié en marge des 58e assemblées annuelles de la Banque. S’agissant de l’inflation moyenne des prix à la consommation, elle devrait atteindre 15,1% cette année. Pour accélérer la croissance économique du continent, l’institution financière appelle à combiner les politiques à court terme et à moyen et long terme.

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La Banque africaine de développement (BAD) vient de publier son rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2023, en marge des 58e assemblées annuelles de la Banque, organisées en Égypte. Ces assemblées se tiennent, du 22 au 26 mai à Charm el-Cheikh, sous le thème « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».

La croissance économique à 4% en 2023

Dans son rapport, la BAD relève que la croissance économique en Afrique devrait rebondir à 4% en 2023 et se consolider à 4,3% en 2024, reflétant la résistance continue du continent aux chocs.

Cette résistance continue sera étayée par les améliorations attendues des conditions économiques mondiales. Elles sont alimentées par la réouverture de la Chine et un ajustement à la baisse des taux d’intérêt à mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire sur l’inflation commenceront à porter leurs fruits, indique la même source.

En outre, la reprise prévue de la croissance reflétera la réactivité des pays aux évolutions mondiales, en fonction des caractéristiques économiques sous-jacentes, précise le rapport.

«Malgré cela, l’Afrique est confrontée à plusieurs risques de détérioration de ses perspectives de croissance qui incitent à un optimisme prudent», relève la BAD. Elle note que le resserrement des conditions financières mondiales et l’appréciation du dollar américain ont exacerbé les coûts du service de la dette et pourraient accroître le risque de surendettement, en particulier pour les pays dont la situation budgétaire est très limitée.

Aussi, la prolongation du conflit russo-ukrainien reste un risque mondial majeur qui accroît l’incertitude et pourrait aggraver l’insécurité alimentaire et le coût de la vie de manière plus générale. À cela s’ajoute le changement climatique, qui continue de menacer des vies, des moyens de subsistance et des activités économiques, souligne la Banque.

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L’inflation moyenne à 15,1% en 2023

La BAD estime que l’inflation moyenne des prix à la consommation en Afrique devrait passer de 14,2% en 2022 à 15,1% en 2023, avant de retomber à 9,5% en 2024.

L’augmentation prévue en 2023 reflète les faiblesses structurelles dans la plupart des pays africains. Elles sont relatives notamment aux contraintes d’approvisionnement pour compenser les effets des prix élevés des denrées alimentaires, de dépendance à l’égard des importations d’énergie et des effets de la répercussion sur les taux de change de l’appréciation du dollar américain, explique le rapport.

Selon le document, le retour à une inflation à un chiffre en 2024, après quatre années d’augmentation soutenue des pressions inflationnistes, reflète les avantages du resserrement de la politique monétaire et les efforts déployés par les pays pour s’attaquer aux obstacles structurels à l’approvisionnement alimentaire national.

Par ailleurs, la BAD relève que les performances budgétaires se sont améliorées en 2022, reflétant l’inversion des dépenses expansionnistes induites par la pandémie sur l’ensemble du continent.

Selon les estimations, le déficit budgétaire global s’est réduit à 4% du PIB en 2022, contre 4,9% en 2021. Il s’agit de la deuxième année consécutive d’amélioration de la situation budgétaire après la forte détérioration à 6,8% du PIB en 2020, due au soutien budgétaire important destiné à atténuer les impacts socio-économiques de la pandémie de la Covid-19.

L’amélioration soutenue a été généralisée et le déficit budgétaire moyen de l’Afrique devrait se stabiliser à 4,1% du PIB en 2023. Il pourrait se réduire à 3,8% en 2024, en deçà des 4% enregistrés en 2019 avant la pandémie.

Appel à une combinaison des politiques à CT et à MLT

Dans son rapport, l’institution financière multinationale de développement a appelé à combiner les politiques à court terme (CT) et à moyen et long terme (MLT) pour accélérer la croissance économique de l’Afrique. Elle estime que pour faire face aux contraintes menaçant la reprise en Afrique, il faudra une combinaison de politiques visant à maîtriser l’inflation tout en accélérant le rythme de la croissance.

À CT, une politique monétaire anti-inflationniste clairement communiquée, soutenue par une politique budgétaire prudente, permettra de réduire l’inflation plus rapidement et à moindre coût pour l’économie, relève la Banque. Elle souligne que des politiques macroprudentielles, telles que des réserves de capitaux et de liquidités, complétant les mesures de politique monétaire, seront nécessaires pour faire face aux risques pesant sur la stabilité financière et maintenir la stabilité des prix.

De plus, poursuit la même source, une stratégie de traitement de la dette coordonnée entre les créanciers officiels et privés est essentielle pour éviter une crise de la dette, compte tenu du resserrement des conditions financières mondiales et de l’accumulation des paiements au titre du service de la dette.

À MLT, il est essentiel, selon la BAD, d’intensifier la mobilisation des recettes nationales pour rétablir la viabilité budgétaire et financer une croissance inclusive et un développement durable et d’adopter des politiques industrielles stratégiques pour accélérer la diversification économique en Afrique afin de limiter les effets récurrents des chocs mondiaux.

«La stimulation du commerce régional permettrait à l’Afrique de mieux résister aux retombées du ralentissement économique mondial et de réduire les déficits commerciaux persistants», soutient le rapport. Ce dernier affirme que la réforme de l’architecture mondiale de la finance et de la dette réduirait le coût, le temps et les complications juridiques liés à la restructuration de la dette des pays africains.

Et de souligner que les réformes de la gouvernance devraient renforcer la gestion des finances publiques pour faire face à l’augmentation de la dette et à l’étroitesse de la marge de manœuvre budgétaire.

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Enfin, il est à noter que ces 58e assemblées sont marquées par des réunions des gouverneurs du groupe de la BAD pour réfléchir aux moyens de mobiliser plus solidement l’investissement privé dont l’Afrique a besoin pour atteindre ses objectifs urgents en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets.

Les Assemblées annuelles sont l’événement le plus important de la BAD. Elles réunissent environ 3.000 délégués et participants chaque année.